François Villeroy de Galhau enfonce le clou. Lors d’une conférence devant les étudiants d’une école de commerce parisienne, le gouverneur de la Banque de France a renouvelé sa charge contre les États-Unis, les accusant de « faire semblant d’ignorer le changement climatique ».
Cette attaque fait écho au retrait de la Réserve fédérale américaine (Fed) du NGFS (Network for Greening the Financial System), un réseau de 140 banques centrales engagé depuis 2017 pour une finance durable. Une décision que François Villeroy de Galhau considère comme une « catastrophe », compte tenu de l’ampleur du risque climatique.
Un déni manifeste du risque climatique
Avec le retrait du NGFS, le gouverneur de la Banque de France estime que la Fed fait preuve d’un véritable « déni de réalité » au mépris des risques climatiques pesant sur les acteurs bancaires et financiers.
Le risque climatique est, aux yeux du gouverneur de la Banque de France, aussi important que le risque financier. « Le risque climatique, aujourd’hui, (…) impacte directement la valeur des actifs financés, et donc la solidité des prêts bancaires », a-t-il expliqué. « Si vous financez aujourd’hui une centrale à charbon en étant une banque et en ignorant le risque que ça représente, vous ne faites pas votre métier de sécurité financière », a-t-il ajouté.
Le gouverneur a également alerté sur la montée des risques liés à l’assurabilité des actifs face au risque climatique : « Il y a 18 mois, personne n’en parlait. Aujourd’hui, certaines usines deviennent plus difficiles à assurer (…). Pourquoi ? Parce qu’on connaît désormais les risques ». Et ignorer ces risques constitue, selon lui, « un déni de réalité », qui concerne aussi bien les banques que les entreprises.
La finance durable hors du périmètre de la Fed
Mais pour la Fed, ce risque climatique ne relève tout simplement pas de son champ de compétences. La banque centrale américaine a justifié son retrait du NGFS en expliquant que « ce réseau avait étendu son champ d’action à des domaines qui dépassent le mandat du Conseil des gouverneurs de la Fed ». En d’autres termes, la Fed considère que certaines initiatives ou orientations du NGFS relèvent de choix politiques, notamment de politique environnementale qui sont hors du périmètre de la banque.
Jerome Powell, le président de la Fed insiste régulièrement sur une séparation stricte des rôles. Lors d’une conférence à l’Université de Stanford en avril 2024, il avait clarifié : « Les politiques visant à lutter contre le changement climatique relèvent des responsables élus et des agences ».
Une charge renouvelée contre Donald Trump
Lors de la conférence, mardi, François Villeroy de Galhau ne s’en est pas simplement pris au président de la Fed mais également à celui des États-Unis. « Aucun chef d’entreprise, aucun responsable financier, aucun dirigeant économique ne peut prétendre sérieusement ignorer [les risques liés au changement climatique]. À part Trump » a-t-il lancé.
Déjà mi-avril, il avait directement visé Donald Trump après ses propos intimant la Fed à s’aligner sur la BCE en matière de baisse des taux : « Nous n’avons pas besoin de ses compliments pour agir et savoir ce qui est juste », avait clarifié le gouverneur de la Banque de France.
Pour François Villeroy de Galhau, Donald Trump fait preuve d’une ignorance flagrante et d’un « déni de réalité dramatique », révélant une profonde méconnaissance des risques financiers et climatiques.