L’équité, la diversité et l’inclusion (normes EDI) sont malmenées aux États-Unis depuis la dernière année. Et pourtant, en plus de favoriser une meilleure attraction et une meilleure rétention de la main-d’œuvre, elles permettent aux entreprises qui intègrent ces normes d’être plus innovantes et plus performantes.
Selon le rapport Diversity Wins de McKinsey & Company publié en 2020, les entreprises qui ont des normes EDI sont plus performantes que celles qui n’en ont pas. « Avoir une plus grande diversité, ça permet d’avoir plus de points de vue, d’avoir une plus grande interaction entre les différents collègues et de garder le milieu stimulant et attractif », affirme Martine Cantin, directrice générale de l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ), qui souligne que ces normes ne doivent pas être intégrées seulement pour l’apparence, mais qu’elles doivent être véritablement ancrées dans les valeurs de l’entreprise.
Hadiza Djataou, vice-présidente, gestion de portefeuille chez Placements Mackenzie, ne pourrait être plus d’accord avec ces constats. « En général, dans les sociétés pour lesquelles j’ai travaillé, j’ai vu l’augmentation de la représentation des femmes, mais aussi de la diversité. Ça a permis d’avoir un système organisationnel qui supporte beaucoup plus l’innovation, qui supporte beaucoup plus l’inclusion d’opinions différentes. Et ça, en général, ça amène à une meilleure performance sur le moyen terme et sur le long terme des entreprises. »
Encore loin de la parité
Bien que les femmes soient de plus en plus nombreuses dans le milieu de la finance, les hommes sont encore majoritaires, particulièrement dans les postes de haute direction, où l’on ne compte que 25 % de femmes. « Les femmes dans les organisations, oui, elles sont souvent minoritaires, mais je ne pense pas que ça fait qu’elles se sentent moins importantes, moins partie intégrante de l’organisation. Par contre, on doit continuer de travailler pour avoir plus de diversité », mentionne Mme Cantin.
Évoluant depuis plus de 15 ans dans le milieu de la finance, Mme Djataou est à même de constater la plus forte représentativité des femmes.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE
Hadiza Djataou, vice-présidente, gestion de portefeuille chez Placements Mackenzie
Si je pense, par exemple, à la gestion de portefeuille, c’est un secteur qui a été complètement dominé par les hommes depuis toujours. Au cours des 10 dernières années, on a commencé à voir l’inclusion des femmes. En 2006, j’ai été la première femme à se joindre à mon équipe de 10 gérants de portefeuille. Quand j’ai quitté l’équipe, on était quatre femmes.
Hadiza Djataou, vice-présidente, gestion de portefeuille chez Placements Mackenzie
Chez Placements MacKenzie, 30 % de femmes sont au niveau d’un poste de directeur ou plus.
Des modèles inspirants
Si les femmes n’ont plus de preuves à faire en ce qui concerne leur qualification et leur performance dans le milieu de la finance, le besoin se fait encore sentir d’avoir des modèles qui, en plus de démontrer qu’il est possible de briser le plafond de verre, permettront aux jeunes de suivre leurs traces. « Il y a 20 ans, il fallait beaucoup parler du fait qu’il y avait des femmes qui avaient étudié en finance, qu’il y avait des femmes qualifiées qui pouvaient monter les échelons. C’était beaucoup ça, le débat. Là, il n’y a plus de débat à faire. Oui, c’est vrai qu’il y a des secteurs où il y a moins de femmes, mais c’est juste une question d’influence, de leur montrer les différentes possibilités. C’est vraiment dans cette optique-là qu’on travaille. Plus on va montrer d’exemples, plus on va informer les jeunes tôt en choix de carrière », mentionne la directrice générale de l’AFFQ.
« Quand on regarde dans les années 1990-2000, tous les grands gestionnaires de fonds étaient des hommes. Aujourd’hui, on a des femmes comme Cathie Wood, qui gère un fonds de 50 milliards avec la société Ark Invest. Avoir une femme qui peut s’ériger au même niveau que les hommes, ça renforce la crédibilité des femmes », souligne la vice-présidente chez Placements Mackenzie.