(Agence Ecofin) – Le rapport révèle que les banques sud-africaines et kényanes sont les plus performantes dans le domaine de la finance durable, grâce à des réglementations favorables qui leur permettent de proposer des produits financiers verts.
Environ 72% des banques d’Afrique subsaharienne intègrent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs stratégies de développement, mais près de la moitié d’entre elles (48%) ne s’engagent pas à mettre en œuvre des pratiques financières durables, selon un rapport publié ce mercredi 30 avril 2025 par le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Intitulé « Sustainable Banking Assessment for Africa 2024 », le rapport évalue l’intégration des critères ESG dans les stratégies de croissance, les engagements à mettre en œuvre des pratiques financières durables, le degré d’application effective de ces engagements au sein de 25 banques opérant dans huit pays : le Cameroun, le Gabon, le Kenya, la Namibie, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la République démocratique du Congo (RDC) et la Zambie.
Cette évaluation s’appuie sur 11 indicateurs et 78 sous-indicateurs répartis regroupés en six piliers : objectifs (l’engagement stratégique des banques en faveur de la durabilité), politiques (l’existence et la qualité des politiques liées aux questions environnementales et sociales), processus (mise en œuvre des mesures qui gèrent les risques et les opportunités en matière des politiques environnementales et sociales), personnels (les capacités humaine et les structures de gouvernance pour gérer les responsabilités liées aux politiques environnementales et sociales), produits (le développement de produits et services financiers durables) et portefeuilles (l’alignement des portefeuilles des banques sur les objectifs de développement durable, tels que les engagements à atteindre l’objectif de zéro émission nette).
Outre l’enquête menée auprès des banques étudiées, dont Standard Bank (Afrique du Sud) Equity Bank (Kenya), Cooperative Rural Development Bank (Tanzanie), Zambia National Commercial Bank (Zambie), Trust Merchant Bank (RDC) Afriland First Bank (Cameroun), la BGFIBank (Gabon) et Bank of Windhoek (Namibie), les établissements bancaires opérant dans chacun des pays couverts par le rapport sont évalués sur une échelle allant de 0 (absence d’intégration et de mise en œuvre des critères ESG) à 100 (intégration et application optimale des critères ESG).
Fortes disparités entre les pays étudiés
L’évaluation montre que si près des trois quarts des banques évaluées intègrent les critères ESG dans les stratégies de développement, 52% de ces institutions font des engagements explicites à fournir des services financiers durables. Dans ce même cadre, une petite minorité des banques (12 %) échangent avec les régulateurs sur l’intégration des critères ESG ou la mise en œuvre de pratiques financières durables.
En ce qui concerne la mise en œuvre effective des pratiques financières durables, l’écrasante majorité des banques sondées (96%) ne disposent pas de politiques pour détecter l’implication de leurs clients dans des activités illégales liées à la faune et à l’environnement, alors que 33% disposent d’un portefeuille de produits financiers durables soutenu par un pipeline de projets cohérents.
Dans le même temps, 84% des banques africaines ne divulguent pas les émissions de gaz à effet de serre (GES) de leur portefeuille et 76% des banques n’effectuent pas des examens périodiques des profils ESG de leurs clients.
En outre, 12% des établissements reconnaissent les risques liés à la nature, et une seule banque a examiné ces risques au niveau de son portefeuille.
Le rapport révèle aussi que les huit pays étudiés ne sont pas logés à la même enseigne. Les banques sud-africaines et kényanes sont en avance par rapport à leurs homologues de la région en ce qui concerne l’adoption des critères ESG et la mise en œuvre de pratiques financières durables. Ces banques obtiennent des scores globaux de 50,1% et 43,7% respectivement, grâce non seulement aux réglementations favorables et à des engagements institutionnels croissants, mais aussi à l’exploitation des opportunités offertes par la finance durable en développant des produits innovants.
Les pays affichant des performances modérées sont la Tanzanie, la Namibie et la Zambie, qui obtiennent respectivement des scores de 37,7%, 21,1% et 19,3%. Le Gabon, le Cameroun et la RDC obtiennent, quant à eux, des scores inférieurs à 10%, ce qui reflète un stade d’intégration très précoce des critères ESG.
Walid Kéfi
Edité par M.F. Vahid Codjia
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