Les crypto-actifs, nés en 2009, constituent une finance décentralisée qui met au défi nos économies régulées. Particulièrement volatiles, elles présentent un risque très élevé pour leurs utilisateurs.
Donald Trump n’est pas à un paradoxe près. Lui qui voulait faire des États-Unis “la capitale mondiale” des cryptos monnaies est directement responsable de leur chute. Le Bitcoin, cypto actif historique, et l’Ethereum vivent en ce moment leurs pires heures. Le premier a baissé de 6%, tandis que le second chutait de 26%. En cause ? L’imposition de droits de douane voulue par le président lui-même. Même les marchés risqués ont peur du risque.
Un crypto-actif est un actif numérique qui circule sur un réseau décentralisé d’acteurs qui se font une confiance mutuelle, grâce à une technologie appelée “blockchain”. Un registre partagé qui enregistre les transactions de manière hyper fiable. C’est l’ensemble du réseau qui valide la transaction et des algorithmes de chiffrement garantissent l’intégrité des données. Mais contrairement à une monnaie classique, il n’est régulé par aucun organe public. Le crypto-actif le plus connu est le bitcoin, créé en 2009. Depuis, d’autres crypto-actifs ont vu le jour, dont les “stablecoins” qui maintiennent leur valeur en les adossant à une valeur externe pour éviter la volatilité.
“5 à 10% de la population possède un portefeuille de crypto-actifs“
Les appeler crypto-monnaie est abusif. “Ce n’est pas une monnaie, précise Bérangère Blondé, responsable départementale de la Banque de France pour les Deux-Sèvres. Il ne remplit aucune des trois fonctions fondamentales de la monnaie : servir d’intermédiaire dans les échanges de la vie de tous les jours, être une unité de compte et être une réserve de valeur.“
Les médias parlent beaucoup de ces crypto-actifs, mais qu’en est-il concrètement ? “Environ 5 à 10% de la population possède un portefeuille de crypto-actifs, essentiellement chez les plus jeunes.” Ce qui représente environ 1,6% du marché des actions. “Quand on regarde, par exemple, l’utilisation qui est faite de ces cryptos actifs comme moyen de paiement, c’est moins de 3% des règlements en France,” indique Bérangère Blondé.
Des chiffres qui devraient rassurer les marchés, mais qui cachent une autre réalité. “C’est un marché encore limité, mais ce que l’on constate aussi, c’est qu’il y a des interconnexions croissantes avec le système financier qui sont à surveiller.” Rôle dont s’acquitte la Banque de France, car ce système censé être hors sol repose en réalité de plus en plus sur des actifs réels.
La Banque de France travaille sur un euro numérique
Cryptos de première ou de seconde génération, aucun n’est à l’abri d’un krach. En la matière, la vérité ne dure jamais très longtemps. L’effondrement du stablecoins Tether, en octobre dernier, sous le coup d’une enquête du département de la justice américaine, ne l’a pas empêché d’annoncer début février un bénéfice de 13 milliards de dollars pour 2024.
Face à ces risques, la Banque de France plaide pour un encadrement strict. “Ces crypto-actifs se développent en dehors de tout cadre réglementaire protecteur pour les utilisateurs.” Une absence de régulation qui favorise la fraude et le blanchiment d’argent. Ce n’est pas un secret : les réseaux criminels adorent les crypto-actifs.
L’Europe a commencé à poser un cadre avec le règlement MICA, entré en vigueur en 2024. Son objectif ? “Soutenir cette innovation financière tout en maîtrisant les risques.” La Banque de France, de son côté, travaille sur un projet de monnaie numérique de banque centrale, un “euro numérique” sécurisé et régulé.
Placer des fonds dans les crypto-actifs reste un exercice de haute voltige sans filet. “Quand on investit sur un actif risqué, on n’investit pas toutes ses économies, recommande Bérangère Blondé, si on vous promet un rendement élevé, méfiez-vous, c’est peut-être une arnaque.”