Portés par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les marchés actions et les cryptomonnaies avaient entamé 2025 en fanfare. Mais l’instauration de droits de douane massifs fait tanguer les indices américains… et pourrait bouleverser la stratégie des investisseurs.
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– Comment rester à flot dans la tempête des droits de douane ?
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Rude retour de bâton. Il y a quelques mois à peine, deux actifs avaient salué par leur progression le retour de Donald Trump à la Maison Blanche : les marchés actions américains et les cryptomonnaies. Sur le mois suivant l’annonce de sa victoire, le 6 novembre 2024, le Dow Jones avait progressé de 5,73%, le S&P 500 de 5,32% et le Nasdaq 100, riche en valeurs technologiques, de 6,90%. De son côté, le cours du Bitcoin avait décollé de plus de 35% en deux petites semaines, pour finalement atteindre un record historique au lendemain de l’investiture du 47ème Président américain, le 20 janvier dernier (à plus de 105 000 dollars).
Hélas pour les investisseurs, l’euphorie aura été de courte durée, puisque l’annonce de droits de douane massifs, mercredi 2 avril, a fait plonger hier les indices américains (-3,98% pour le Dow Jones, -4,84% pour S&P 500, -5,97% pour le Nasdaq). Une trajectoire imitée par la reine des cryptomonnaies, qui a chuté de 87 892 dollars mercredi dans la soirée à 82 220 dollars au plus bas jeudi 3 avril (soit une baisse de 6,45%). Une déconfiture pour les actifs risqués qui n’a rien de commune : «Sur les 20 dernières années, le Nasdaq n’a connu que 51 baisses journalières de 4% ou pire, ce qui représente moins de 1% des séances», rappelle Bertrand Lamielle, directeur général de Portzamparc Gestion.
Incertitudes, inflation et risque de récession inquiètent côté américain
Mais passé la réaction épidermique des marchés, l’instauration de ces droits de douane pourrait-elle durablement impacter les investisseurs ? Du côté des marchés actions, l’incertitude qui entoure ces nouveaux tarifs douaniers inquiète les financiers : «On ne sait pas sur quel pied danser : des bruits couraient sur un taux global de 20% pour tout le monde, alors que ce sera finalement bien plus pour certains, il y a également des revirements de l’administration Trump sur le fait qu’ils seront négociables ou non», confie Grégoire Kounowski, Investment Advisor chez Norman K. Or, «Wall Street n’aime pas l’incertitude, rappelle Antoine Andreani, responsable de la recherche chez XTB France. Sans oublier que les droits de douane pourraient aussi générer de l’inflation outre-Atlantique, et retarder les baisses de taux de la Fed, favorables aux marchés actions.» Pire, le risque d’une récession n’est plus à exclure, selon les banques Goldman Sachs et JP Morgan, qui ont relevé leurs probabilités d’un ralentissement de la croissance aux Etats-Unis dans les 12 prochains mois.
Toutefois, ce sombre tableau ne condamne pas tous les indices ni tous les secteurs. L’Europe pourrait ainsi tirer son épingle du jeu, selon Alexandre Baradez, responsable analyses marchés chez IG France : «Les indices pourraient être portés dans les mois qui viennent par des afflux de capitaux en provenance des investisseurs américains, par la poursuite des baisses de taux de la Banque centrale européenne (BCE) et par les plans d’investissement massifs voulus pour réarmer l’Europe.» Des investissements censés profiter d’abord aux «petites et moyennes entreprises du continent (présentes sur les indices Euro Stoxx Mid & Small, NDLR), par nature moins exportatrices, et qui devraient donc être aussi moins affectées par les droits de douane», souligne Bertrand Lamielle. Ayant initié un plan de relance de sa consommation intérieure, «la Chine est également une option à considérer dans son allocation géographique» pour Alexandre Baradez.
Pour ce qui est des secteurs, «ce sont les télécoms (Deutsche Telekom, Nokia, Orange) les infrastructures (Thales, Vinci) ou encore les industries stratégiques (Siemens, Airbus, Safran), donc des secteurs bien orientés pour bénéficier des plans d’investissement et peu pénalisés par la hausse des droits de douane, qui pourraient se démarquer en Europe», pointe l’analyste chez IG France. Pour les investisseurs plus sensibles à la volatilité, on pourra aussi s’intéresser à des secteurs jugés plus défensifs, et qui ont le mieux résisté aux annonces de Donald Trump hier : celui de la distribution d’énergie (Iberdrola, National Grid, Engie) et de la santé (Novo Nordisk, Sanofi, EssilorLuxotica). La clef, dans ce contexte chahuté, «étant de rester le plus diversifié possible», conseille Bertrand Lamielle, afin de diluer les risques pris.
Les investisseurs en cryptos restent suspendus au sort de la Bourse
Malheureusement pour les investisseurs en cryptomonnaies, trouver un canot de sauvetage va s’avérer moins évident. En effet, le cours de ces actifs numériques est historiquement corrélé aux indices actions américains, en particulier le Nasdaq. Autrement dit, si la baisse se poursuit à Wall Street, la Bourse pourrait entraîner le Bitcoin et les autres cryptos dans sa chute. Pour Antoine Andreani, le seuil à ne pas franchir pour le Bitcoin (BTC) est celui des 81 000 dollars (il oscille aujourd’hui autour des 83 000 dollars), «car en dessous, on pourrait assister à des ventes massives qui le feraient descendre jusqu’à 40 000 dollars». Pour Alexandre Baradez en revanche, le cours actuel constitue plutôt «un bon niveau d’achat», et une correction ne serait pas surprenante compte tenu des niveaux historiques atteints ces derniers mois. Une fois le dossier des droits de douane bouclé, les avancées promises en matière de réglementation et d’adoption des cryptos resteront dans les mains de Donald Trump.
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