Dans notre imaginaire collectif, woke est un mot galvaudé, récupéré par toutes les factions politiques pour signifier tantôt l’émancipation, tantôt une dérive idéologique.
Pourtant, si l’on revient à sa définition originelle — une prise de conscience des injustices systémiques et une volonté d’y remédier —, alors le bitcoin serait profondément woke. Voilà qui est surprenant, surtout lorsque ses plus grands détracteurs le dépeignent comme une monnaie de libertariens.
Bien plus qu’un actif spéculatif ou une mode technologique, le bitcoin est surtout un outil de résistance puissant contre les inégalités économiques, un moyen d’émancipation pour ceux que le système financier traditionnel exclut et une solution de remplacement à la centralisation des pouvoirs monétaires.
Une fin à l’appauvrissement systémique ?
Warren Buffett a jadis qualifié le bitcoin de « poison à rat au carré ». Il a raison — mais pour qui ? Certainement pas pour 99 % de la population, qui voit son pouvoir d’achat s’éroder par l’inflation monétaire.
Selon un rapport de Credit Suisse de 2020, 1 % de la population mondiale détiendrait 44 % de la richesse mondiale, un déséquilibre qui ne cesserait de croître.
En ce sens, le bitcoin agirait plutôt comme un antidote à un système monétaire inflationniste taillé sur mesure pour les élites financières, système qui dévalue l’épargne du plus grand nombre au profit de ceux qui accèdent facilement et à moindre taux d’intérêt à l’argent nouvellement créé.
Cette dilution de la richesse provient directement de l’impression monétaire massive. Face à ce cycle de spoliation systémique, une des solutions consiste à utiliser une monnaie que personne ne peut manipuler : limitée, décentralisée, transparente, fondée sur une émission de nouvelles unités prévisible et inaltérable, mais surtout accessible partout dans le monde pour quiconque ayant un accès rudimentaire à Internet.
L’inclusion financière… pour tous
Contrairement au système bancaire traditionnel, qui impose des vérifications d’identité et un historique de crédit, le bitcoin est ouvert et accessible à n’importe qui disposant d’une connexion Internet.
Selon un rapport de la Banque mondiale, environ 1,4 milliard d’adultes dans le monde étaient non bancarisés en 2021. Des millions de gens vivent sous des régimes autoritaires ou dans des pays où les devises locales s’effondrent sous l’effet de politiques monétaires irresponsables. Dans ces contextes, le bitcoin leur permet de négocier des valeurs et d’échapper à l’inflation galopante.
Que ce soit en Afghanistan, où des femmes l’ont utilisé pour contourner l’exclusion bancaire, ou au Nigeria, où la jeunesse l’emploie face aux restrictions financières, il redonne du pouvoir à ceux qui en sont le plus privés. Dans ces contextes, sa volatilité relative au dollar américain importe peu : car un bitcoin vaudra toujours un bitcoin.
Le bitcoin, une monnaie incorruptible ?
L’argent a toujours été un outil de pouvoir. Qui contrôle l’émission monétaire contrôle l’économie et, par extension, la destinée d’une société. L’histoire est remplie d’exemples où la manipulation monétaire a permis de financer des guerres ou des régimes autoritaires corrompus, de confisquer sournoisement de la valeur au peuple ou de censurer des opposants politiques.
Le bitcoin change cette dynamique. Il est neutre, résistant à la censure et accessible à tous, sans aucune discrimination. Il n’appartient à aucun État ni à aucune entreprise. Peu importe votre origine, votre statut social ou votre orientation politique, le bitcoin fonctionne de la même manière pour tout le monde.
Une justice sociale algorithmique
Si être woke signifie reconnaître les injustices systémiques et agir pour y remédier, alors le bitcoin en est l’incarnation monétaire. C’est un outil de résistance face à l’oppression financière, une réappropriation populaire du pouvoir économique, une solution de rechange radicale aux structures héritées du colonialisme monétaire.
Décentralisé, il est antiautoritaire et accessible à tous, protégeant le fruit du labeur de chacun contre la dilution orchestrée par les élites. En bref, le bitcoin est un acte de justice sociale algorithmique.
Alors, les vrais wokes devraient-ils se méfier du bitcoin ou, au contraire, s’en emparer comme un moyen de lutte et d’émancipation ? Car si l’objectif est de redistribuer le pouvoir, il est peut-être temps de déconstruire les narratifs dominants… et de saisir l’occasion qu’est le bitcoin, ainsi que le principe de blockchain (chaîne de blocs) sur lequel il repose, pour enfin nous libérer de nos chaînes économiques.
