(Investir au Cameroun) – Les entreprises pré-qualifiées pour la construction de lignes d’ultrafiltration et d’embouteillage de l’eau de table à la Cameroon Water Utilities (Camwater) sont connues. Dans un communiqué publié le 11 juillet 2025, le DG de cette société d’Etat, Blaise Moussa, révèle qu’à l’issue de l’analyse des offres des soumissionnaires à l’avis de sollicitation à manifestation d’intérêt international du 30 avril 2025, sept entreprises ont été retenues.
Il s’agit de Batratel, Jiangsu Mesure Machinery Co Ltd, Trbex Impex PVT Ltd, Sipa SpA, Loumos Group LLC, du consortium Zhangjiagang BaijiMachienry/Light Logistics Services et de Beier Machinery. Ces entreprises et autres groupements, classés par ordre de mérite, ont reçu des notes allant de 92 à 75 points sur 100, selon les critères d’évaluation édictés par l’avis de sollicitation à manifestation d’intérêt. En conséquence, souligne le communiqué du DG de Camwater, elles sont seules « qualifiées pour l’appel d’offres international restreint subséquent ».
Pour rappel, la Camwater, concessionnaire du service de l’eau potable au Cameroun, ambitionne de construire cinq unités d’ultrafiltration et d’embouteillage de l’eau de table dans les villes de Douala, Yaoundé, Bafoussam, Limbé et Maroua. Les prestations attendues des entreprises pré-qualifiées comprennent une étude de marché, une conception architecturale et technique, ainsi que la fourniture, l’installation et la mise en service de lignes complètes d’embouteillage en format de 10 litres, 1,5 litres (packs de 6 bouteilles), 0,5 litres (packs de 12 bouteilles).
Un marché dominé par des privés
Les travaux seront réalisés dans un délai de 24 mois et financés par l’État, la Camwater ou par partenariat public-privé (PPP), en fonction de la taille des unités envisagées et du profil des partenaires proposés, apprend-on officiellement. L’entrée de Camwater dans le marché des eaux embouteillées devrait doper davantage la concurrence dans ce secteur dominé par l’entreprise libanaise Source du Pays, qui contrôle le marché local depuis près d’une dizaine d’années avec 58% de parts, devant la Société des eaux minérales du Cameroun (SEMC), filiale du groupe français Castel.
A en croire le DG de Camwater, ce projet, qui s’inscrit dans le cadre du Plan de développement et du Programme prioritaire quinquennal d’investissement 2023-2030 de cette entreprise publique, permet d’explorer de nouvelles sources de recettes. Toutefois, Blaise Moussa précise que le produit principal fourni par Camwater reste l’eau potable distribuée par les robinets, et que l’eau embouteillée, nouveau produit à lancer, sera considérée comme un accessoire, mais en aucun cas un substitut. Ce d’autant plus que le tableau de l’accès au réseau public de l’eau potable au Cameroun est très peu reluisant.
Soif permanente d’eau potable
A ce sujet, une enquête nationale réalisée en 2021 par l’Institut national de la statistique (INS) révèle que seulement 29% des ménages camerounais bénéficient d’un accès au réseau public de distribution d’eau. La Camwater confesse quant à elle la perte de 53% de sa production, en raison de fuites et de branchements non autorisés.
Face à cette réalité, les sources alternatives d’approvisionnement sont largement dominantes. Selon les mêmes données, 40% des ménages dépendent principalement de forages et de puits à pompe. Viennent ensuite les puits protégés (17%), les puits non protégés (14%) et les sources protégées (10%), cette dernière solution présentant des risques sanitaires non négligeables.
Pour démocratiser l’accès à l’eau potable, le Cameroun s’était fixé des cibles audacieuses dans sa Vision 2025. Les pouvoirs publics visaient alors un taux d’accès à l’eau potable de 75%. En dépit de la non atteinte de cet objectif à la date échue, le pays a revu ses ambitions à la hausse dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). Ce document de référence prévoit désormais un accès universel en milieu urbain (100%) et une couverture de 85% en zone rurale d’ici 2030.
Brice R. Mbodiam
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