Une centaine d’étudiants ont participé à un job dating organisé par l’association Les places tertiaires à Lille ce mardi 13 mai. Objectif : décrocher une alternance dans les métiers de la finance, dans un contexte de baisse des aides aux employeurs.
Sous l’immense verrière de la Chambre de commerce et de l’industrie (CCI) de Lille, une centaine d’étudiants est rassemblée ce mardi 13 mai 2025. CV en main, ils s’apprêtent à participer à un job dating, organisé par Les places tertiaires. L’association, portée par la CCI, le conseil régional et la métropole européenne de Lille, organise la sixième édition de son événement “Adopte un alternant”.
Albane, 21 ans, cherche une alternance en gestion, dans le cadre de son MBA Finance à l’ESLSCA Business School Paris. “J’ai déjà passé une quinzaine d’entretiens ! Ça me stresse, je n’en vois pas le bout”, raconte la jeune femme. Dans son domaine, les traditionnelles rencontres avec les recruteurs s’accompagnent de tests – d’anglais, de logique, de mathématiques. “Alors ça prend du temps pour avoir une réponse”, précise-t-elle.
36 entreprises pour une centaine d’offres à pourvoir
Ce matin, elle a rendez-vous avec trois entreprises. “Ma mère m’a parlé de l’événement. Trouver une alternance aujourd’hui, ça serait vraiment top !” Albane, avec tous les entretiens qu’elle a déjà passés, se sent fin prête : “Niveau questions, on ne peut pas me piéger !”
Comme elle, les jeunes rassemblés à la CCI cherchent un contrat dans la finance, les assurances, la gestion, la comptabilité ou encore la data. Du bac au bac +5, les profils sont variés. Pour les recevoir, 36 entreprises ont fait le déplacement. Parmi elles : Adeo, Global France, Alliance Emploi ou encore M Comme Mutuelle. Au total, “une centaine d’offres” sont proposées, précise Grégory Sanson, président de Lille Place Financière, club thématique de l’association Les places tertiaires.
“Le principe d’Adopte un alternant, c’est que nous avons créé une plateforme où les étudiants postent leur profil et les entreprises postent leurs offres”, explique-t-il. La suite fonctionne comme sur une application de rencontre. On matche puis on se rencontre. “Un premier contact se fait. L’étudiant a vingt minutes pour convaincre, et l’entreprise aussi, bien sûr.”
Les grandes entreprises friandes de job dating
L’entrevue peut ensuite déboucher sur un second entretien, plus formel. “Si je tombe sur des candidats dont le profil m’intéresse, je les invite à rencontrer les managers lors de notre forum de recrutement”, détaille par exemple Adjila Mechtel, responsable formation chez Vertbaudet. “Pour moi, l’alternance, c’est l’avenir”, assure-t-elle.
Chez Lidl, rencontrer des candidats grâce à des job datings est une habitude. “Les trois quarts de nos alternances sont pourvues de cette façon”, précise Clémence Thibaut, responsable recrutement et marque employeur. Elle préfère les jobs datings aux salons classiques, où les rendez-vous ne sont pas fixés à l’avance. “Ce que j’aime bien, c’est que les étudiants sont déjà renseignés sur les offres.”
Une organisation également appréciée par les jeunes. Amine, 27 ans, étudiant à SKEMA Business School, cherche une alternance dans le domaine du marketing digital. “Mon premier entretien s’est bien passé, affirme-t-il. C’est ma première expérience de job dating. C’est très bien organisé, il y a beaucoup d’entreprises. J’apprécie particulièrement le fait de pouvoir échanger avec le recruteur pendant 20 minutes : tu ne te contentes pas de déposer ton CV !”
Baisse des aides à l’embauche d’alternants
Le jeune homme a pu poser toutes ses questions, “sur les enjeux de ce recrutement pour l’entreprise, les possibilités d’évolution”. “Surtout, j’ai pu m’assurer que l’entreprise pouvait vraiment supporter le prix de ma formation, qui est de 18.000 euros l’année, souligne-t-il. Car si on cherche dans des start-up ou des PME, ça peut poser problème !”

D’autant plus que l’alternance a récemment pris un coup. Le gouvernement a officialisé, fin février 2025, une réduction des aides destinées aux employeurs recrutant des apprentis. Initialement d’un montant de 6.000 euros, elles passent à 5.000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés et à 2.000 euros pour celles de 250 salariés et plus. Pour les apprentis en situation de handicap, le montant reste de 6.000 euros.
“Dans cette période où les aides financières baissent, il faut redoubler d’efforts pour mettre en avant l’alternance”, estime Grégory Sanson. Le président de Lille place financière, également directeur financier de Bonduelle, a à cœur de défendre ce mode de formation : “Pour les étudiants, c’est une acclimatation en douceur à la vie d’entreprise et ça permet un véritable accès à l’emploi.”
Dans les grandes entreprises, comme Vertbaudet, la motivation pour ce type de recrutement reste intacte malgré la baisse des aides. “On a une cinquantaine d’alternants chez nous. Ce n’est pas la politique de l’entreprise de réduire l’alternance”, rassure ainsi Adjila Mechtel. A l’inverse, “pour les TPE et les PME, les aides sont davantage décisives dans le choix ou non de faire de l’alternance…”, déplore Grégory Sanson.