Depuis son arrivée au Québec il y a 20 ans, Aïsha Temfack enchaîne les succès. Âgée de 31 ans, cette CPA et mère de deux filles n’a jamais perdu de vue l’objectif qu’elle s’était donné de devenir entrepreneure. En avril dernier, l’émission Dans l’œil du dragon est venue couronner de succès ses ambitions.
Devant le succès scolaire de leur fille et un manque d’occasions au Cameroun, ses parents ont fait le pari de s’établir au Québec pour assurer son avenir. C’est donc à l’âge de 11 ans qu’Aïsha Temfack arrive avec sa mère, sa sœur et son frère au Québec. Son père y était déjà depuis plusieurs années en tant qu’étudiant.
Aïsha Temfack a toujours maintenu le cap. Après un parcours scolaire sans failles et fraîchement diplômée de HEC, elle enchaîne les contrats dans de prestigieuses entreprises comme EY ou encore PwC.
C’est désormais pour Plusgrade, entreprise spécialisée dans le voyage, qu’elle est contrôleuse financière en plus d’être la PDG de Missiris Montréal, sa jeune entreprise de sacs à main de luxe.
En 2022, lors d’un « grand ménage », lui vient l’idée de créer sa propre entreprise. Alors enceinte de sa deuxième fille, elle a envie de « créer des sacs de tous les jours qui ressemblent à la haute couture, mais qui restent pratiques et à un prix raisonnable ».
De là est né Missiris Montréal. Un projet qu’elle présentera deux ans plus tard à l’émission Dans l’œil du dragon, où elle a remporté une offre de l’entrepreneure et investisseuse Anne Martel pour faire grandir son entreprise.
Depuis, les ventes ont explosé, ses stocks ont été asséchés et ses clients doivent désormais précommander leur sac. Un succès qu’Aïsha Temfack peine encore à réaliser.
Apporter sa contribution
L’entreprise qu’elle évaluait il y a encore quelques mois à 250 000 $ vaut désormais plus de 1 million, mais Aïsha Temfack n’oublie pas pour autant d’où elle vient.
Elle se remémore sa ville natale de Douala où, déjà toute petite, elle jouait aux entrepreneurs en vendant des « bracelets de laine » ou des bombes de bain qu’elle avait fabriquées.
Fière de sa réussite, elle veut désormais pouvoir redonner en apportant sa contribution dans son continent d’origine.
Je suis tombée sur une série de documentaires qui parlait du mariage forcé et j’ai deux filles, donc quand je vois ma première fille qui va avoir 5 ans et que des fillettes de son âge sont mariées à des messieurs de 60 ans, ça me déchire le cœur.
Aïsha Temfack, CPA et entrepreneure
C’est pourquoi Aïsha Temfack n’a pas attendu que son entreprise soit profitable pour venir en aide aux jeunes Africaines.
« C’est la chose qui me fait me réveiller le matin, c’est de me dire que je pourrais faire une différence dans la vie de ces filles », raconte la jeune entrepreneure.
Elle fait donc des dons à des organismes au Congo ou encore au Sénégal qui luttent contre le mariage forcé et les violences sexuelles faites aux jeunes femmes.
Je traite ça vraiment comme une dépense d’entreprise. J’ai été quand même très chanceuse dans la vie, que mes parents se soient battus comme ils se sont battus pour nous faire venir ici, et qu’on m’offre toutes ces opportunités que j’ai aujourd’hui.
Aïsha Temfack, CPA et entrepreneure
Elle tente désormais d’entrer en contact avec la cheffe traditionnelle du district malawien de Dedza, Theresa Kachindamoto, qui libère les jeunes filles mariées de force. Son objectif est d’amasser une somme importante d’argent pour aider Mme Kachindamoto à mener à bien sa mission.
« Il y a tellement de moins chanceux que moi que, pour moi, ça n’a aucun sens de juste me complaire dans tout ce que j’ai puis de ne pas essayer de rendre la vie des autres meilleure, affirme Aïsha Temfack. C’est comme faire le pont entre ma terre d’origine et ma terre d’accueil. »