Ce texte fait partie du cahier spécial Philanthropie
L’Université de Montréal (UdeM) mène actuellement la plus grande campagne de financement de son histoire, L’heure est brave, qui tend, entre autres, à amasser un milliard de dollars. Celle-ci se déploie en une multitude de projets « rêvés », représentatifs des thèmes et des réalités sur lesquels l’établissement aspire à avoir une incidence.
Alexandra Jeanty, directrice des dons exceptionnels au Réseau des diplômés et des donateurs à l’Université de Montréal, détaille ici trois exemples de campagnes reflétant la vision et les ambitions du recteur et du vice-recteur dans l’offre philanthropique de l’UdeM, dans le cadre de L’heure est brave.
Le Défi du chancelier
D’abord, d’un objectif de deux millions de dollars, le Défi du chancelier a été inauguré le 7 mai dernier, à l’initiative de Frantz Saintellemy, 14e chancelier de l’Université de Montréal.Originaire d’Haïti, ayant passé une partie de son enfance dans les quartiers Saint-Michel et Montréal-Nord, à Montréal, M. Saintellemy a connu un parcours « très, très atypique », dépeint Alexandra Jeanty.
« Pour lui, la responsabilité d’être chancelier va au-delà de celle liée à l’Université de Mont-réal. Frantz Saintellemy a bénéficié du fait d’avoir des enseignants qui ont changé son parcours de vie. Il est d’origine haïtienne. Quand il est arrivé ici, il n’avait pas de grands moyens. C’est à travers l’école qu’il a pu rêver grand. Et il a eu une très, très grande carrière, primée à toutes sortes d’endroits. Il n’aurait jamais imaginé devenir chancelier à l’Université de Montréal. », ajoute Mme Alexandra Jeanty.
Le chancelier Saintellemy s’est demandé comment, à son tour, il pourrait influencer positivement d’autres jeunes provenant de milieux défavorisés. En cocréation avec une doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation, l’homme a imaginé le Défi du chancelier, visant à propulser l’accès aux technologies d’apprentissage et à favoriser la réussite.
M. Saintellemy et son épouse, la femme d’affaires Vickie Joseph, ont déboursé un million de dollars et lancent aujourd’hui un appel à leur réseau et à tous les donateurs de l’Université de Montréal dans le but d’aller chercher un million supplémentaire.
« Ce qui est vraiment important là-dedans, pour nous, c’est une démocratisation du don, ajoute Mme Jeanty. Le plaisir de donner ne devrait pas être seulement pour quelqu’un qui est en mesure de donner un montant d’un million de dollars. Quelqu’un pourrait donner 10 $, 20 $, 1000 $, selon ce que ses moyens lui permettent. On souhaite avoir un impact par la mobilisation autour de ce projet-là. »
Entrepreneuriat et désinformation
Diplômé en sciences économiques de l’Université de Montréal en 1982 et membre du cabinet de campagne de L’heure est brave, Jean-Marc Léger, fondateur de la firme de recherche marketing Léger, y est pour sa part allé d’un « don philanthropique purement altruiste », dit Mme Jeanty.
M. Léger a, dans un premier temps, procédé à un don de 100 000 $. Celui-ci sera décliné en bourses destinées aux étudiants suivant le parcours Datapreneur, une formation axée sur les domaines de l’intelligence artificielle et de la science des données, des champs qui fascinent Jean-Marc Léger. Le programme Datapreneur est offert aux universitaires inscrits au parcours d’accompagnement et de mentorat Millénium Québecor — né d’un legs de 40 millions de Pierre Karl Péladeau et de sa famille, datant de 2022 — de l’Université de Montréal, lequel outille les entrepreneurs de demain en complément à leur principal créneau d’activité.
« Ça parlait énormément à M. Léger, de rallier l’entrepreneuriat et les façons d’utiliser l’intelligence artificielle et la science de la donnée à l’intérieur d’un parcours d’entrepreneur », poursuit Mme Jeanty.
Puis, suivant la volonté de l’Université de Montréal de mousser l’appartenance de ses diplômés à leur alma mater, « de [les] ramener chez nous, à la maison, sur leur campus » (une autre grande orientation de L’heure est brave), M. Léger a organisé un événement de retrouvailles de sa cohorte universitaire de sciences économiques, qui se tiendra le 10 mai.
« Il ramène son monde, illustre Alexandra Jeanty. Il va pouvoir parler de son projet, de son don et, potentiellement, intéresser d’autres donateurs à faire de même. Parce que, pour lui, ça appartient à tous, le succès de ce qu’on peut faire accomplir aux étudiants. »
Enfin, autre investissement notable, et non le moindre, 100 000 $ ont été alloués à l’Université de Montréal par le regretté Jacques Girard, ancien étudiant et membre des instances de l’établissement, homme influent du monde des affaires, de la politique et des médias.
Avec son don, avant son décès, M. Girard a lancé la création d’un Fonds pour lutter contre la désinformation et ses impacts sur la démocratie. Dans la foulée, un programme de recherche dirigé par Samuel Tanner, professeur et directeur du Département de criminologie de l’UdeM, a été implanté. M. Girard, dont le fils poursuit la mission, invitait la population à jumeler son don de 100 000 $.
« C’était un legs que Jacques Girard voulait laisser aux prochaines générations. Ce n’est pas vraiment possible de pallier la désinformation, mais on cherche à en minimiser les impacts, dans la prévention et l’identification des pistes probantes. M. Girard voulait qu’on puisse aider à faire développer un esprit critique à travers les moyens de présenter l’information. »
Laisser une empreinte
Toutes les personnes évoquées ci-dessus ont en commun le désir ardent que leur implication philanthropique soit significative et reflète leurs valeurs et leurs préoccupations. « Un donateur veut faire avancer quelque chose ou faire réfléchir à des aspects qui l’interpellent, affirme Alexandra Jeanty. C’est un peu comme ça que l’on construit la philanthropie. Moi, j’ai un travail extraordinaire, qui consiste à voir avec les donateurs ce qui les interpelle et les fait vibrer ! »
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. Les journalistes de la rédaction du Devoir n’y ont pas pris part.