(Agence Ecofin) – L’AFC privilégie les entreprises privées africaines dans ses financements, avec des coûts du crédit lié au risque client. L’institution mise sur des garanties solides et une sélection rigoureuse des projets pour limiter les défauts de remboursement, tout en poursuivant sa stratégie de soutien ciblé aux infrastructures du continent.
Environ 70 % des prêts accordés par l’Africa Finance Corporation (AFC) sont dirigés vers le secteur privé africain, selon la Japan Credit Rating Agency (JCR) dans un document publié le mardi 15 juillet 2025, alors qu’elle attribuait à l’AFC une note de crédit émetteur à long terme A+ avec perspective stable.
Selon l’Agence, ces entreprises privées, contrairement aux Etats africains, ne permettent pas à l’AFC de profiter du statut de créancier privilégié, ce qui signifie qu’en cas de défaut de paiement, l’AFC n’est pas remboursée en priorité par rapport aux autres créanciers. Face à ce risque, l’institution ajuste ses conditions de prêt. Elle applique des taux d’intérêt différenciés, selon le niveau de risque de chaque emprunteur. Ce système permet de couvrir les risques de non-remboursement tout en préservant la rentabilité de l’AFC.
Pour faire face à la solvabilité parfois fragile de certaines entreprises africaines, l’AFC adopte une approche rigoureuse. Chaque prêt est assorti de garanties spécifiques, comme des sûretés réelles, des assurances ou d’autres formes de couverture. Ces mécanismes permettent de réduire les pertes potentielles et de protéger les ressources de l’institution.
L’AFC applique un processus rigoureux de sélection des projets et de gestion du portefeuille. Cette approche lui a permis de maintenir un taux de prêts non performants (PNP) à un niveau très bas : seulement 0,7 % à la fin de l’année 2024, bien en dessous de l’objectif de 3 %, poursuit l’agence de notation japonaise.
Stratégie ciblée et portefeuille en croissance
Fin 2024, l’encours total des prêts et investissements de l’AFC atteignait 7,9 milliards $. Cette enveloppe se répartissait comme suit : 4,6 milliards $ (58 %) pour les projets d’infrastructures et le financement du commerce ; 1,9 milliard $ (24 %) sous forme de prêts à court terme destinés aux banques africaines et 1,4 milliard $ (18 %) en prises de participation dans des entreprises ou des projets.
L’AFC concentre ses activités sur cinq secteurs : énergie, transports et logistique, ressources naturelles, télécommunications et technologie, et industrie lourde. Son plan stratégique 2024-2028 prévoit de renforcer son appui à certains segments comme les énergies renouvelables, l’exploitation des minerais stratégiques pour les technologies vertes (comme le lithium ou le cobalt), et l’intégration des chaînes logistiques régionales.
Même si la JCR ne relève pas actuellement de signes de dégradation de la qualité des actifs de l’AFC, elle reste prudente. Elle note que de nombreux pays emprunteurs demeurent exposés à des chocs extérieurs, notamment géopolitiques ou économiques. La JCR continuera de suivre de près l’évolution de ces risques et la qualité des actifs de l’AFC.
Chamberline Moko
