Notaire et pionnier. Le notariat est certes un métier de tradition, mais Gwendal Texier bouscule les habitudes. Installé à Liffré, en Ille-et-Vilaine, il est le premier notaire en France à accepter des paiements en Bitcoin pour certains actes. « On ne peut plus l’ignorer », affirme-t-il à France 3 Bretagne.
Testament, PACS, donation, promesse de vente… Autant de transactions que le notaire breton projette dans le XXIᵉ siècle en intégrant les cryptomonnaies à ses pratiques. Pour l’instant, seuls les petits actes peuvent être réglés en Bitcoin, mais l’initiative est un signal fort.
« Si on perd la clé privée, on perd tout. Il faut anticiper, sinon, c’est foutu. »
Immersion dans la blockchain
Tout commence lorsqu’il était président de la Chambre des notaires d’Ille-et-Vilaine. À l’époque, peu connaissaient la blockchain. « On a monté un fonds de dotation technologique, on s’est formés, on a rencontré des experts », raconte-t-il.
Au fil des rencontres, il prend conscience de l’ampleur du phénomène. 12 % des Français possèdent des cryptomonnaies, selon une étude de KPMG. Un chiffre qu’il juge peut-être optimiste, mais qui prouve que la tendance est bien là.
Assurer l’héritage des Bitcoins
Un enjeu majeur se pose : que deviennent les Bitcoins après le décès de leur détenteur ? Contrairement aux comptes bancaires, aucune institution ne gère ces actifs numériques. Sans la clé privée, impossible d’y accéder.
Gwendal Texier propose d’ores et déjà des solutions pour sécuriser la transmission :
- Plaques métalliques gravées de la « seed phrase » (les 12 ou 24 mots permettant de restaurer un portefeuille),
- Segmentation des codes et stockage chez plusieurs tiers de confiance,
- Protocoles personnalisés selon l’héritier (mineur, novice, expert).
« Si on perd la clé privée, on perd tout. Il faut anticiper, sinon, c’est foutu », insiste-t-il.
Former les notaires de demain
Gwendal Texier ne se contente pas d’expérimenter. Il enseigne désormais le Bitcoin et l’intelligence artificielle aux futurs notaires des universités de Rennes et Nantes.
Avec une douzaine d’heures de formation, il introduit ses étudiants aux plateformes comme Binance, Kraken ou encore Ledger, une solution française de sécurisation des cryptos. « C’est un début, mais l’intérêt est grandissant », souligne-t-il.
Une révolution notariale en marche ?
Pour l’instant, la profession reste prudente. « J’accepte le Bitcoin pour les petits actes, c’est plus simple à gérer », explique-t-il. « Mais demain ? Si l’État adapte la législation, pourquoi ne pas aller plus loin ? »