Le Bitcoin a atteint son plus haut niveau lundi matin, à 109 241 dollars, alors Donald Trump et Melania ont lancé deux cryptomonnaies distinctes.
C’est la nouvelle ruée vers l’or… numérique. Lundi, le Bitcoin a pour la première fois approché la barre symbolique des 110 000 dollars, alors que le clan Trump se lance à corps perdu dans ces nouvelles devises. À la veille de son investiture, Donald Trump a lancé dans la nuit de vendredi à samedi sa propre devise numérique, avec un succès fulgurant : s’échangeant autour de 7 dollars peu après leur lancement, les 200 millions de jetons « Trump » sont montés jusqu’à environ 75 dollars pièce, avant d’osciller lundi autour de 54 dollars.
Le futur chef de l’État a présenté sa nouvelle devise comme un « memecoin », une cryptomonnaie sans utilité économique ou transactionnelle, surfant sur l’engouement populaire autour d’une personnalité ou d’un phénomène viral sur internet – et souvent identifiée comme un actif purement spéculatif. Avant la création de cette devise numérique, des entrepreneurs associés à Donald Trump avaient mis en ligne, mi-octobre, une plateforme de cryptomonnaies, baptisée World Liberty Financial. Dimanche, la future Première dame, Melania Trump, a elle aussi lancé sa propre cryptomonnaie, baptisée Melania.
Un nouveau placement financier
Cette soudaine flambée ne doit néanmoins pas tout à Donald Trump et était déjà pressentie, en mars dernier, par Éric Larchevêque, cofondateur de Ledger, le leader mondial des coffres-forts pour cryptomonnaies, interrogé par Paris Match. À l’origine de ce rebond : la création, aux États-Unis, par de grands fonds américains (au premier rang desquels BlackRock), d’ETF, un placement financier entre la sicav et l’action, en bitcoins, mais commercialisé en dollars. Une opération autorisée par le législateur américain. BlackRock a attiré un montant net de plus de 4 milliards de dollars depuis le lancement de ces produits grand public, le 11 janvier dernier. Jamais aucun des 5 500 autres fonds indiciels lancés ces trente dernières années n’avait provoqué un tel engouement.
« Cela va entraîner un afflux énorme de fonds, jusqu’à 100 milliards de dollars en 2024, soit une pression à l’achat de 300 000 à 1,5 million de bitcoins », poursuivait Éric Larchevêque. Or le nombre de cette cryptomonnaie en circulation est limité (19,3 millions) et ne dépassera pas – c’était défini lors de sa création en 2009 – 21 millions d’unités. Cette année, en avril, comme tous les quatre ans, la production de nouveaux bitcoins va être divisée par deux. C’est ce qu’on appelle le « halving ».
Explication : selon un système complexe, les dénommés « mineurs » (producteurs de bitcoin) mettent leurs ordinateurs à disposition pour valider, via des algorithmes, les opérations d’achat et de vente de cryptos. En échange, ils sont récompensés par des fragments de bitcoins. CQFD. « Le prix devrait subir une forte pression à la hausse et probablement dépasser les 100 000 dollars dans les douze mois », expliquait encore le fondateur de Ledger.
Ajoutez à cela des premiers pays à l’adopter, comme le Salvador en 2021, suivi par la Centrafrique en 2023 et vous avez tous les éléments d’un possible futur krach mondial. Car si la cryptomonnaie la plus célèbre, qui s’appuie sur une technologie (« blockchain ») qui permet d’enregistrer de manière décentralisée et infalsifiable les transactions grâce à un réseau d’ordinateurs dans le monde entier, cherche à acquérir une respectabilité, elle reste un objet spéculatif, dont le but premier est d’échapper au contrôle des institutions financières.