Le projet controversé de création d’une “ville humanitaire” dans la bande de Gaza, porté par les ministres israéliens de la Défense et des Finances, pourrait peser lourdement sur les finances publiques israéliennes, selon des responsables du ministère des Finances.
Estimé à 15 milliards de shekels (environ 3,8 milliards d’euros) pour la phase de construction initiale, le projet nécessiterait ensuite 10 milliards de shekels (2,5 milliards d’euros) supplémentaires chaque année pour son fonctionnement. Une somme que les fonctionnaires jugent difficilement absorbable par le budget national sans mesures drastiques : hausse des impôts, réduction des budgets de la santé, de l’éducation et des services sociaux.
Présentée comme une solution pour loger temporairement des centaines de milliers de Gazaouis déplacés, la ville serait dotée d’infrastructures complètes — routes, réseaux d’eau et d’égouts, éclairage public, hôpital, écoles — mais sans habitations permanentes. “C’est comme construire une nouvelle ville israélienne, mais sans les maisons”, a résumé un responsable gouvernemental.
Pourtant, ce projet d’envergure n’a été débattu que lors de deux réunions restreintes du cabinet et reste confidentiel au sein des cercles sécuritaires et financiers. Si les ministres Betsalel Smotrich et Israël Katz y sont favorables, les professionnels du ministère des Finances s’y opposent, invoquant l’absence de source de financement claire.
Selon leurs estimations, le lancement du projet avant fin juillet nécessiterait une enveloppe de 25 milliards de shekels (6,4 milliards d’euros) pour le ministère de la Défense, notamment pour mobiliser des dizaines de milliers de réservistes. Un surplus de recettes fiscales de 20 milliards de shekels cette année pourrait partiellement compenser les dépenses, mais le déficit budgétaire devrait tout de même dépasser les 5 %, voire atteindre 6 %, selon le FMI et d’autres institutions.
Les experts préviennent : si le gouvernement donne son feu vert, ce projet risque de forcer des coupes budgétaires généralisées et d’alourdir la pression fiscale, affectant une population déjà fragilisée par les répercussions de la guerre et de la pandémie.