Le dollar américain a poursuivi jeudi son repli face à un panier de grandes devises, s’éloignant d’un sommet de deux semaines, alors que les dernières salves tarifaires du président Donald Trump n’ont guère ébranlé les marchés, à l’exception du Brésil où la menace d’un prélèvement de 50 % a fait plonger le réal jusqu’à 2,8 % pendant la nuit.
Le billet vert a également subi la pression d’une forte baisse des rendements des bons du Trésor américain, consécutive à une adjudication solide de titres à 10 ans mercredi, ce qui a tempéré les inquiétudes liées à la tendance « Sell America » ayant entraîné plus tôt cette année des ventes massives de bons du Trésor, de dollars et d’actions de Wall Street.
Dans l’ensemble, les investisseurs manifestaient un appétit renouvelé pour les actifs risqués, les scénarios tarifaires les plus dévastateurs paraissant de moins en moins probables. Ce contexte a permis à Nvidia de devenir la première entreprise cotée à franchir la barre des 4 000 milliards de dollars de capitalisation, tandis que le bitcoin s’envolait vers un sommet historique, tout près des 112 000 dollars.
Le climat de confiance a aussi été renforcé par la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale, où la majorité des responsables jugent appropriées des baisses de taux d’intérêt plus tard dans l’année.
L’indice dollar, qui mesure la devise américaine face à six grandes monnaies, a cédé 0,1 % à 97,286, prolongeant un recul de 0,2 % enregistré mercredi, jour où il avait atteint un sommet depuis le 25 juin à 97,837 avant de perdre de son élan.
À l’exception du Brésil, la dernière vague de lettres adressées par Trump à ses partenaires commerciaux prévoyait des taux de droits de douane proches de ceux déjà proposés lors de son annonce originelle de la « Journée de la Libération » le 2 avril, à l’instar des autres courriers envoyés cette semaine.
Trump a par ailleurs laissé la porte ouverte à des prolongations au-delà de la nouvelle échéance du 1er août si des pays présentent des propositions jugées convaincantes.
Le Brésil était initialement censé se voir appliquer uniquement le taux de base de 10 %, mais Trump a invoqué non seulement les pratiques commerciales du pays, mais aussi le traitement réservé à son ancien président, Jair Bolsonaro.
Bolsonaro, qui entretenait de bonnes relations avec Trump lorsqu’ils étaient tous deux au pouvoir, est actuellement jugé pour avoir présumément tenté d’empêcher l’investiture du président actuel, Luiz Inacio Lula da Silva, en janvier 2023.
Le réal a plongé jusqu’à 5,6047 pour un dollar, une première depuis le 6 juin, avant de remonter à 5,5826.
« C’est un rappel de la propension de Trump à utiliser les tarifs douaniers comme instrument face à toute une gamme de griefs, qu’ils concernent l’équité commerciale ou autre chose », a commenté Taylor Nugent, économiste principal chez National Australia Bank, dans une note à ses clients.
Si la dernière série de lettres n’a guère influencé les marchés en dehors du Brésil, Nugent estime que « ce sont surtout les courriers que nous n’avons pas vus qui sont intéressants, l’Inde, l’UE et Taïwan étant des exemples flagrants ».
Trump et d’autres responsables ont répété récemment qu’un accord avec l’Inde était proche, tandis que l’Union européenne progresse également vers un accord-cadre.
L’euro a gagné 0,2 % à 1,1747 dollar jeudi, tandis que la livre sterling a progressé de 0,2 % à 1,3612 dollar.
Le dollar a cédé 0,3 % à 145,84 yen et a reculé de 0,3 % à 0,7922 franc suisse.
Le bitcoin a grimpé de 0,3 % pour atteindre environ 111 114 dollars, se rapprochant du sommet historique enregistré dans la nuit à 111 988,90 dollars.
« Ce nouveau record s’explique par une amélioration du sentiment de risque », analyse Tony Sycamore, analyste chez IG, dans une note à ses clients.
« Si la poussée vers de nouveaux sommets n’a pas encore déclenché l’embrasement attendu par le marché, le bitcoin dispose encore d’une marge de progression vers les 120 000 dollars. »
(Reportage de Kevin Buckland ; édition : Jamie Freed)