Le média arabophone Alhurra, créé et financé par les États-Unis après leur invasion de l’Irak pour contrebalancer le poids du leader Al-Jazeera, a annoncé samedi qu’il allait licencier la plupart de ses effectifs et cesser de diffuser, en raison de la fin des subventions décidée par le gouvernement Trump.
Dans le cadre de sa politique de coupes claires dans le budget fédéral, l’administration du président américain avait acté en mars la fin de tout apport de fonds aux médias financés par le gouvernement.
«Au Moyen-Orient, les médias se nourrissent de l’anti-américanisme», a réagi dans un communiqué Jeffrey Gedmin, le PDG de Middle East Broadcasting Networks, réseau qui chapeaute Alhurra et d’autres médias arabophones plus petits financés par les États-Unis.
Dans une note au personnel, il affirme que Kari Lake, à la tête de l’agence chargée d’encadrer les médias publics, a refusé de discuter de ces subventions retirées «de manière illicite».
«J’en conclus qu’elle nous prive délibérément de l’argent dont nous avons besoin pour vous payer vous, notre personnel dévoué et travailleur», a-t-il déploré, précisant qu’Alhurra cesserait de diffuser et réduirait ses effectifs à «quelques dizaines».
Le média cherche néanmoins à continuer d’alimenter son site.
Alhurra affirme toucher plus de 30 millions de personnes par semaine dans 22 pays.
Mais il souffre notamment de la concurrence du réseau audiovisuel du Qatar Al-Jazeera. C’est pour le contrebalancer, qu’Alhurra avait été créé en 2004, alors que des responsables américains étaient mécontents de la couverture de la guerre d’Irak déclenchée en mars 2003.
Il existe aussi une concurrence féroce des médias Al-Arabiya et Sky News Arabia respectivement financés par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
La fin des programmes d’Alhurra pourrait «ouvrir la voie aux adversaires des Américains et aux extrémistes islamistes», s’est alarmé M. Gedmin.
Donald Trump a multiplié les attaques envers la presse depuis son retour à la Maison-Blanche fin janvier et remet en cause l’indépendance éditoriale des médias financés par le gouvernement.
Alhurra reçoit des fonds publics, mais n’est pas considéré comme un organe du gouvernement américain, au contraire de Voice of America.
Les radios Voice of America et Radio Free Asia, particulièrement importantes en Afrique et dans les pays asiatiques privés de la liberté de la presse, sont grandement menacées de fermeture, même si les employés de VoA ont obtenu un sursis de la part du Congrès qui la finance.