(Investir au Cameroun) – Dans le cadre de sa Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (SND30), le Cameroun a besoin de financements massifs pour atteindre ses objectifs. Cependant, le pays est confronté à un manque de ressources financières internes et à un accès limité aux marchés financiers traditionnels. Pour surmonter ces défis, le Cameroun explore de nouvelles avenues financières, notamment les financements structurés, qui ont été au centre d’un séminaire organisé du 26 au 28 février 2025 à Douala par le cabinet GM Finance, sous le parrainage du ministère des Finances.
L’objectif de ce séminaire de trois jours était de permettre aux cadres financiers des administrations publiques, des entreprises publiques et privées, des multinationales et des banques de maîtriser les financements structurés. Selon Hubert Otele Essomba, expert financier et directeur associé du cabinet GM Finance, les financements structurés sont des instruments financiers complexes qui combinent des prêts, des actions, des obligations et des produits dérivés pour créer un produit financier sur mesure, adapté aux besoins spécifiques d’un pays ou d’une entreprise. Parmi ces instruments figurent les Partenariats publics-privés (PPP), les fonds de couverture, les fonds souverains, la titrisation et la notation financière.
Le ministère des Finances et les experts financiers s’accordent sur le fait que le Cameroun doit recourir à ces financements alternatifs pour combler ses besoins en liquidité. Cette nécessité intervient dans un contexte où l’endettement du Cameroun reste largement inférieur au ratio communautaire de 70 %. En effet, le pays a besoin de financements massifs, en particulier pour l’année charnière 2025. Dans le budget en cours de l’État du Cameroun, il est prévu de lever 1795 milliards de FCFA de dette, dont 70,8 % proviendront de prêts projets et 29,2 % d’appuis budgétaires.
Pour le triennat 2025-2027, le besoin d’endettement de l’État est estimé à 5407 milliards de FCFA. Ces fonds devront être trouvés en dehors des sentiers battus, en maîtrisant notamment des financements innovants à travers une multitude de mécanismes qui atténuent les risques tout en améliorant les rendements. Selon Hubert Otele Essomba, le Cameroun peut recourir à des instruments tels que les fonds souverains, les fonds de pension et les obligations, qui offrent une plus grande flexibilité. Il souligne que « les financements abondent sur le marché international. Cependant, il faudrait que le Cameroun dispose d’une ingénierie financière qualifiée et crée un environnement attractif pour attirer ces fonds ».
Une autre solution proposée est la titrisation. Selon Catherine Gerst, experte en stratégie financière et ancienne directrice générale de Moodys France, la titrisation est l’un des meilleurs mécanismes de financement des projets de développement. Elle explique : « Ce que la titrisation apporte de différent et de nouveau, c’est qu’elle permet de se servir des portefeuilles que l’on a à l’actif de son bilan : des portefeuilles de crédit pour les banques, ou de créances pour les entreprises, que l’on vend à une structure spéciale, qui lève l’argent sur le marché. La titrisation permet de transformer des actifs illiquides, tels que les créances, en titres négociables. »
En somme, le recours aux financements structurés et à des mécanismes innovants comme la titrisation pourrait permettre au Cameroun de mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux de sa SND30. Cela nécessitera toutefois une ingénierie financière robuste, une gouvernance transparente et un environnement attractif pour les investisseurs internationaux.
Frédéric Nonos