Atteints lorsque la température mondiale dépasse un certain seuil, les points de bascule climatiques préoccupent de plus en plus. En effet, ils pourraient engendrer des changements irréversibles dans le système climatique. Au Royaume-Uni, le gouvernement finance actuellement un système d’alerte précoce quant au franchissement de ces points.
Se focaliser sur deux points en particulier
Il y a quelques années, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a identifié pas moins de seize points de bascule climatiques. Parmi ces derniers, nous retrouvons notamment l’extinction des barrières de corail, la fonte des glaciers des montagnes ou encore le dégel brusque du pergélisol boréal. Comme l’explique le quotidien The Guardian dans un article du 18 février, un projet sur cinq ans vient d’être mis en place par l’Advanced Research and Invention Agency (ARIA), une agence de financement de la recherche du gouvernement britannique.
L’ARIA a sélectionné vingt-sept équipes de chercheurs dont la mission sera de se focaliser sur les deux points de bascule climatique les plus urgents : la désintégration de la calotte glaciaire au Groenland et l’arrêt de la circulation méridienne du retournement de l’Atlantique (AMOC). Or, ces deux points pourraient provoquer une importante hausse du niveau des océans ainsi que des bouleversements majeurs relatifs aux précipitations et aux températures de surface.
Au passage, il faut savoir que les scientifiques sont pour l’instant incapables de prévoir à quel moment un point de basculement climatique sera franchi. La première étape du projet de l’ARIA sera donc de déterminer si de telles prévisions sont possibles ou non.

Le déploiement de nombreuses technologies
« Prévoir les points de basculement est un défi de taille, mais la formidable diversité des équipes qui s’attaquent à ce défi sous différents angles, tout en travaillant ensemble de manière coordonnée, fait de ce programme une opportunité unique », a déclaré Reinhard Schiemann, expert en sciences du climat à l’Université de Reading.
Les membres du projet britannique travailleront à l’établissement de réseaux de systèmes de surveillance du climat pour détecter les signes précoces du franchissement des points de bascule. Ces solutions comprennent notamment le déploiement de flottes de drones de petite taille dont la mission sera de collecter des données précises au Groenland. D’autres équipes se chargeront de développer des sondes à neutrons de rayons cosmiques ou encore des instruments sismiques capables de mesurer le ruissellement en analysant les vibrations de l’écoulement de l’eau.
Citons également l’élaboration de dispositifs autonomes capables de plonger dans l’océan et remonter avec des données relatives aux courants marins. Les chercheurs surveilleront également le plancton, principalement sa prolifération, au moyen de dispositifs d’imagerie associés à l’intelligence artificielle. Ce type de dispositif devrait faire l’objet d’une installation sur les futurs robots sous-marins, les porte-conteneurs ainsi que les grands animaux marins qui se nourrissent abondamment de plancton.