La France, qui a déjà raboté l’aide publique au développement dans le budget 2025, va « recentrer ses efforts», « là où les besoins sont les plus importants et les plus urgents », a indiqué l’Élysée dans la nuit de samedi à dimanche.
Dans un contexte de gel de la quasi-totalité de l’aide étrangère américaine décidée par l’administration Trump, Emmanuel Macron a réuni vendredi à l’Élysée un conseil présidentiel des partenariats internationaux. Ce conseil a fixé des « orientations stratégiques » qui « seront déclinées d’ici le mois de juin par le comité interministériel compétent en vue d’être appliquées par tous les opérateurs, instruments et instances dans lesquelles siège la France », selon l’Élysée.
Pas de chiffre mais des priorités
Aucun chiffre n’est avancé à ce stade, mais « l’impératif national de redressement de nos finances publiques nous rappelle l’importance de recentrer nos efforts là où ces partenariats (internationaux) ont le plus d’impact et d’efficacité, de notre point de vue et de celui de nos alliés », « là où les besoins sont les plus importants et les plus urgents pour contribuer à la stabilité du monde ». « Nos actions doivent produire des résultats concrets et mesurables, et se concentrer sur les résultats, au-delà des moyens », et l’objectif est que « chaque euro investi produise un véritable retour sur investissement », détaille l’Élysée.
« Parmi l’ensemble des pays où la lutte contre la pauvreté et la préservation de la planète constituent des défis aigus, l’État s’engage désormais à consacrer au moins 60% de ses dons aux pays les plus vulnérables, dont les pays les moins avancés et ceux particulièrement vulnérables au changement climatique ou en situation de grande fragilité financière ».
« En raison du soutien massif dont elle a besoin et de la menace directe qui pèse sur l’Europe, la France réaffirme que l’Ukraine est considérée comme prioritaire », est-il notamment indiqué dans le communiqué fourni par l’Élysée. La France « réaffirme » ainsi « l’importance particulière de ses partenariats avec le continent africain, ainsi que dans l’Indopacifique, et l’enjeu stratégique que constitue la stabilisation du voisinage européen ».
Du changement à l’Agence française développement
Au global, le conseil présidentiel des partenariats internationaux a « réaffirmé dix objectifs » prioritaires définis en 2023, comme accélérer la sortie du charbon, financer les énergies renouvelables dans les pays en développement et émergents ; investir dans la jeunesse en soutenant l’éducation ; renforcer la souveraineté alimentaire notamment en Afrique ; promouvoir les droits de femmes, ou encore « aider nos partenaires à lutter contre l’immigration irrégulière et les filières clandestines ».
Le gouvernement insiste également sur le fait de « privilégier la notion de partenariats internationaux plutôt que la terminologie de l'”aide publique au développement” ». Selon cette logique, « l’acronyme AFD » de l’Agence française développement – l’un des bras armés de la politique d’aide de la France – « devra faire l’objet d’une nouvelle explicitation permettant de mieux refléter le mandat de l’opérateur », l’Élysée évoquant des « ajustements » qui « pourront être faits sur la composition et le fonctionnement de son conseil d’administration ».
La France était le 3e contributeur européen et le 6e mondial à l’aide au développement en 2023, selon l’OCDE. Mais le gouvernement a sabré un tiers de son enveloppe dans le budget 2025, soit presque deux milliards d’euros.