Comment avez-vous gravi les échelons au sein du Fonds de solidarité FTQ ?
J’ai toujours aimé connaître l’histoire des entreprises, la logique derrière les acquisitions, leurs stratégies entrepreneuriales et, surtout, le rêve derrière tout cela. J’avais un grand amour pour la FTQ, qui est au cœur de nombreuses entreprises québécoises. En 2000, on m’a proposé le poste de vice-présidente aux affaires juridiques et secrétaire corporative.
Au bout de sept ans, je trouvais que j’avais fait le tour du jardin. J’étais prête pour de nouveaux défis. Lorsque j’ai annoncé mes intentions, on m’a demandé un an. À la fin de ce délai, on m’a offert de gérer le capital de risque. J’ai eu un doute, parce que c’était une grosse responsabilité dont dépendait la retraite de beaucoup de gens. J’ai accepté, car j’avais le sentiment que j’étais capable de faire une différence.
En 2017, j’ai gravi les échelons pour devenir cheffe des investissements et des initiatives stratégiques. L’année suivante, j’ai été promue au poste de première vice-présidente aux investissements.
À travers tout ça, j’ai obtenu mon MBA avec un diplôme commun de l’Université de Georgetown à Washington et de l’Esade, en Espagne. De fil en aiguille, j’ai réussi à asseoir ma crédibilité jusqu’à atteindre le poste de présidente.
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE
Janie Béïque, présidente et cheffe de la direction au Fonds de solidarité FTQ
Avez-vous connu des difficultés du fait d’être une femme ?
J’ai eu un parcours privilégié. Tout au long de ma carrière, j’ai côtoyé des hommes qui étaient proégalité. Je pense, entre autres, à Hubert Lacroix, que j’ai rencontré lorsque j’étais avocate et qui a été pour moi un coach et un mentor. Je pense aussi à Raymond Bachand, directeur du Fonds à l’époque. Il croyait beaucoup à l’importance de l’équité et de la diversité. Gaétan Morin, à qui j’ai succédé à la présidence, a joué un rôle très important. Il m’encourageait à me dépasser. Tout au long de ma carrière, je ne me suis jamais sentie seule. J’ai été épaulée et soutenue. Malgré cela, je ne pense pas avoir été nommée parce que j’étais une femme, mais plutôt en raison de mes compétences. J’en ai toujours fait plus, non pas parce que j’étais une femme, mais parce que j’avais de l’ambition.
Que représente pour vous le fait d’avoir reçu le prix Femme d’impact de l’AFFQ ?
J’ai été surprise et touchée. Il s’agit d’une belle marque de reconnaissance. Un tel honneur nous oblige à nous retourner et à voir le chemin parcouru. Cela montre qu’avoir des enfants tout en poursuivant une carrière est possible. Que les femmes qui veulent embrasser une carrière en finance peuvent rester fidèles à leurs valeurs et qu’elles peuvent grandir en étant elles-mêmes.
Quels sont pour vous les enjeux pour les femmes qui font carrière dans le domaine de la finance en 2025 ?
Je ne tolère pas la misogynie chez nous, mais oui, il y a une montée de ce courant dans notre société. C’est une occasion d’ouvrir le dialogue. Le monde est en train de changer et c’est le moment de se demander quelle société nous voulons avoir. L’égalité doit demeurer, mais rien n’est acquis. Il y a eu un débat dans notre organisation à savoir si nous voulions instaurer une politique exigeant un quota de 40 % de femmes aux conseils d’administration des entreprises dans lesquelles le Fonds investit. Au départ, je n’étais pas certaine que c’était une bonne idée, mais nous sommes allés de l’avant. Cette mesure a eu du bon, elle nous a obligés à sortir de nos réseaux usuels pour le recrutement. Elle a apporté une diversité d’opinions, de formations et de vécus.
Il reste un an à votre mandat, quelles sont vos intentions ?
Nous sommes déstabilisés par tout ce qui se passe en ce moment. Nos repères s’envolent et le monde ne sera jamais plus comme avant. Cela nous demande d’avoir le courage de faire des choix audacieux. C’est à nous de décider de notre avenir. J’ai encore l’occasion de faire une différence avec le Fonds de solidarité FTQ, le travail n’est pas terminé.
Qui est Janie Béïque ?
- Née à Montréal, elle a obtenu un diplôme en droit de l’Université de Montréal en 1989.
- Elle a commencé sa carrière en tant qu’avocate en droit commercial pour McCarthy Tétrault.
- En 2000, elle est entrée au Fonds de solidarité FTQ.
- En 2015, elle a obtenu un MBA, alors qu’elle était première vice-présidente à l’investissement.
- Elle est présidente du Fonds FTQ depuis le 1er avril 2021.
