Sur la place du marché d’Épinal ce mardi soir, chaque intervenant, dans son discours ou la performance qu’il livre, démontre ce que provoquent les coupes de financement du monde associatif suite à la mise en place de la loi finance par 49.3 en février. Ainsi, le Boléro de Ravel à la trompette de Louis devient de plus en plus compliqué à mesure que son père, Ludovic Lemasson président de l’Union vosgienne des batteries fanfares (UVBF), lui retire des pistons.
« On symbolise l’impact des coupes, nous avons dû licencier une deuxième salariée en charge d’ateliers », expose le président. Pour Mathieu Brassier, comédien, le nez de Cyrano passe de « péninsule » à « pustule » après les coupes budgétaires.
Avant eux, Véronique Nobillot, co-secrétaire du collectif Réseau d’êtres qui coorganise la manifestation avec le collectif associatif 88, explique le pourquoi de cette mobilisation. « Ne pas crever en silence mais aussi peser autant que possibles dans les arbitrages budgétaires à venir et notamment ceux des collectivités territoriales. »
Une action qui découle d’un appel national lancé par le CAC (collectif des associations citoyennes) à Paris. Ce 1er juillet, « date anniversaire de la loi 1901 relative aux contrats d’associations et jour d’un atelier des lois à l’Assemblée », des associations ont manifesté pour que chacun prenne conscience de leur impact sur notre quotidien.
Dans les Vosges, des manifestations ont eu lieu à Épinal, Plombières-les-Bains et Lerrain. Ces « soulèvements associatifs » se veulent une prise de conscience. « En France, près d’un tiers des associations employeuses dispose d’une trésorerie inférieure à trois mois et 38 % d’entre elles sont sans solution », expose Cédric Prévost, ancien administrateur de Lorraine mouvement associatif.
« On est passé de la subvention au marché public […] L’associatif aujourd’hui c’est aussi une délégation des services publics », abonde Audrey, chargée de mission DLA (dispositifs locaux d’accompagnement). Et dans ce modèle qui est le nôtre aujourd’hui, si l’associatif meurt « c’est tout le tissu social qui est impacté derrière ». L’occasion d’ainsi rappeler que les chiffres ministériels répertorient, en novembre 2024, 10 040 salariés dans l’associatif vosgien « la première filière d’emploi ». Côté bénévoles, ils sont entre 67 000 et 70 000.