Ce texte fait partie du cahier spécial Leadership au féminin
Caroline Côté occupe depuis quatre ans le poste de vice-présidente, Fonds pour les marchés privés, de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). En près de 25 ans de carrière dans la finance, elle a vu la place des femmes se transformer.
La Caisse de dépôt et placement du Québec effectue environ 85 % de ses investissements elle-même et confie le reste à des partenaires externes. L’équipe de Caroline Côté gère les placements que la CDPQ réalise avec ces collaborateurs dans des secteurs comme l’immobilier, les placements privés, le crédit privé et les infrastructures. Cela représente un portefeuille d’environ 40 milliards de dollars, qui s’appuie sur une centaine de partenariats stratégiques dans le monde.
Cette native de la Côte-Nord a parcouru beaucoup de chemin depuis son premier emploi d’été à la Banque de Montréal. Dès ses études à HEC Montréal, dans la deuxième moitié des années 1990, elle se sent attirée par la finance d’entreprise. « Ce qui m’intéressait, c’était plus les fusions et acquisitions, la stratégie et la conquête de nouveaux marchés que les échanges d’actions et d’obligations sur les marchés financiers », se souvient-elle.
Elle obtient un baccalauréat en administration des affaires avec spécialisation en finance, puis commence sa carrière en 1999 chez BMO Nesbitt Burns. Elle enchaîne avec un passage chez Merrill Lynch, avant d’entrer à la CDPQ en 2002. Elle se rappelle qu’à l’époque, elle voyait peu de femmes dans des postes de direction dans le milieu de la finance en général et que la conciliation famille-travail semblait particulièrement difficile pour ces dernières. « Je me demandais si je devrais arrêter ma carrière lorsque j’aurais des enfants », reconnaît-elle.
Multiplier les expériences
Au bout du compte, les arrivées successives de ses trois enfants ont plutôt représenté des occasions de réaliser des expériences diversifiées et d’amener sa carrière dans des zones inattendues. Cela lui a permis de bonifier son bagage de connaissances. Quand elle a eu son premier enfant, elle était analyste d’investissement, un poste qui exige une très grande disponibilité. « Quand j’ai compris que ça convenait moins à ma nouvelle situation, j’ai levé la main et je l’ai dit, raconte-t-elle. La Caisse m’a permis de prendre une nouvelle voie qui correspondait à mes ambitions, mais aussi à ma vie personnelle. »
Cet appui, elle l’a reçu plusieurs fois par la suite. Cela l’a amenée à s’éloigner un temps de l’investissement pour expérimenter d’autres domaines d’activité, dont le développement des affaires. Après son deuxième congé de maternité, elle a contribué à la création d’un groupe de relations avec les entreprises qui visait à aider les sociétés québécoises à grandir à l’international.
Puis, après avoir eu son troisième enfant, elle a participé à l’essor des initiatives entrepreneuriales à la CDPQ. « Nous voulions contribuer au développement d’une nouvelle génération d’entrepreneurs québécois et devenir un moteur d’innovation », résume Caroline Côté. Cela a mené à la création de l’Espace CDPQ, qui réunit 25 fonds de capital de risque qui gèrent 18 milliards de dollars d’investissement, dont BKR, Inovia et Accelia.
Prendre sa place
En 2015, Caroline Côté revient à son premier amour, l’investissement, et progresse jusqu’à son poste actuel. Cet itinéraire professionnel lui permet de mesurer le chemin parcouru par les femmes dans ce domaine d’activité. Du côté de la Caisse de dépôt, on trouve présentement 6 femmes parmi les 15 membres du conseil d’administration et 5 femmes sur 14 membres du comité de direction. Dans l’ensemble du secteur de la finance et de l’assurance, les femmes occupent 24 % des postes de cadres supérieurs et 39 % des sièges de gestionnaires, selon un rapport de Mercer réalisé en 2023 pour Finance Montréal et le Conseil emploi métropole.
L’expérience de Mme Côté à la CDPQ renforce chez elle le sentiment que les membres de la haute direction d’une organisation jouent un rôle crucial dans l’avancement des femmes et des représentants de la diversité en général. « C’est un levier majeur du changement, souligne-t-elle. Les dirigeants doivent traiter la diversité comme une priorité et la faire vivre concrètement dans l’organisation. »
Elle croit par ailleurs que les femmes ne doivent pas craindre de s’affirmer dans leur milieu de travail. « Nous devons avoir le courage d’être nous-mêmes, de faire valoir nos ambitions et nos points de vue et de nommer clairement nos besoins et nos enjeux, estime-t-elle. Bien sûr, on peut se faire dire non, mais on peut aussi se voir offrir des occasions de faire progresser notre carrière dans des directions qu’on n’aurait pas imaginées au départ. »
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.