En France, au milieu des années 1980, alors qu’il prépare un doctorat en management à Grenoble, Abderrahmane Lahlou découvre, à la lecture de plusieurs ouvrages, les fondements d’un système économique alternatif à la logique capitaliste : la finance islamique. « Je comprends qu’il n’y a pas seulement l’économie capitaliste, sociale ou marxiste, mais aussi un modèle économique et financier inspiré des règles de la charia. Nous avons approfondi le sujet avec un groupe d’amis, étudiants et doctorants en France, et organisé deux colloques en 1985 et 1986, d’abord à l’université de Grenoble, puis à celle de Strasbourg », raconte-t-il.
Dès son retour au Maroc, il pilote en 1990 le projet de création d’une fenêtre de Banque Islamique à Wafabank. Une tentative finalement avortée : l’autorisation verbale des autorités monétaires ne s’est pas traduite par un feu vert officiel. Il faudra attendre vingt-cinq ans pour voir naître officiellement les premières banques participatives. « La banque participative, j’en ai rêvé avec des collègues au milieu des années 1980, j’y ai travaillé en 1991, et j’y ai milité pendant plus de vingt ans, jusqu’à sa création en 2017, où j’ai pu être membre du conseil d’administration pendant six ans (BTI Bank, ndlr). C’est une belle réalisation », résume-t-il. Huit ans après le lancement des banques participatives,, analyse-t-il.
Multi-casquettes
Mais le chemin reste encore long : le modèle de la finance participative demeure largement centré sur les particuliers et les produits de dette. Abderrahmane Lahlou estime que le secteur gagnerait à s’ouvrir davantage au financement des entreprises et au développement de produits de capital.
Docteur en management de l’université de Grenoble (1986) et certifié en management stratégique par HEC Paris (2011), il cumule aujourd’hui plusieurs casquettes professionnelles. Il est directeur et fondateur du cabinet de conseil Abwab Consultants, ainsi que président de l’Académie de la finance participative. À ce titre, il organise régulièrement des symposiums, des forums, des conférences et des travaux de recherche afin de favoriser les échanges entre experts, banquiers et institutions.
« Ce que j’aime dans le métier de consultant, c’est la diversité des situations, le contact avec les dirigeants et la possibilité d’apporter des solutions concrètes », confie-t-il. Pour Abderrahmane Lahlou, un bon consultant se distingue par son sens de l’écoute, sa capacité d’analyse, mais surtout son orientation « solution » : « On ne vend pas des rapports, on résout des problèmes. C’est ce qui fait la différence », résume-t-il. Et d’ajouter : « Ce qui m’anime au quotidien, c’est l’Achievement : voir naître un projet, résoudre un blocage, accompagner une initiative jusqu’à son déploiement. »