Le Bitcoin est souvent comparé à Internet : une innovation révolutionnaire qui redéfinit les interactions économiques, sociales et politiques du monde entier. Il décentralise la confiance, réduit la dépendance aux institutions financières traditionnelles et offre une solution de rechange aux systèmes monétaires centralisés et interventionnistes.
Pourtant, au Québec, la volonté politique demeure hésitante. Figée par la méfiance d’un changement de paradigme difficile à comprendre, elle tarde à s’adapter aux transformations en cours. Pendant que d’autres accumulent des bitcoins dans leur trésorerie comme réserve de valeur, le Québec hésite. Décontenancé. Immobilisé. Conforté dans ses petites certitudes. Comme un chevreuil sur l’autoroute, paralysé par les phares du progrès.
Un Québec frileux face à Bitcoin
L’année 2022 a marqué un revers pour la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans l’univers des cryptomonnaies. Avec 200 millions investis dans Celsius Network, un projet centralisé qui a fait faillite, cet échec illustre moins un problème lié aux cryptomonnaies elles-mêmes qu’un manque de diligence dans le choix des investissements.
En juin 2024, Pierre Fitzgibbon déclarait que le Bitcoin était « chose du passé »… Pourtant, sa valeur a depuis grimpé d’environ 65 %, prouvant que cette industrie est bien loin d’être morte.
Revenu Québec, lui, semble dépassé. Plutôt que de s’adapter, il applique une réglementation improvisée et rigide, qui freine un écosystème non consulté. Pendant ce temps, ailleurs, les gouvernements s’adaptent, anticipent et bâtissent des stratégies pour tirer profit du Bitcoin et de la « révolution blockchain ».
Une ruée vers Bitcoin
Aux États-Unis, un décret exécutif de Donald Trump a lancé une étude sur la création d’une réserve nationale de bitcoins. La sénatrice Cynthia Lummis propose même d’accumuler 1 million de bitcoins sur cinq ans. Treize États américains, avec l’Arizona et l’Utah en tête, évoluent dans la même direction.
Ailleurs, plusieurs pays explorent l’intégration du bitcoin à leurs réserves. La République tchèque, la Suisse et le Brésil sont parmi les plus avancés dans cette démarche. Hong Kong et la Russie accélèrent aussi leurs initiatives.
Ce phénomène illustre la théorie des jeux : plus les gouvernements adoptent le Bitcoin, plus la pression monte sur les autres. Comme un effet de domino. Ceux qui hésitent trop longtemps risquent de rester sur le bord de la route.
Une occasion à saisir pour le Québec
Le Québec pourrait tirer parti du Bitcoin pour bâtir une économie plus résiliente. Une réserve stratégique en bitcoins renforcerait le Fonds des générations, servant de couverture contre la dévaluation monétaire. Oui, il y a un risque. Mais les gouvernements prennent des paris bien plus hasardeux. Northvolt en est un triste aperçu, parmi d’autres malheureux exemples.
De fait, si les 200 millions investis par la CDPQ dans Celsius avaient été misés directement sur le Bitcoin, ils vaudraient aujourd’hui 350 millions pour les Québécois. Plutôt que 175 millions de pertes…
Hydro-Québec, elle, pourrait jouer un rôle clé. Plutôt que de limiter le minage de bitcoins par les entreprises privées, pourquoi ne pas l’exploiter directement ? L’État du Salvador utilise l’énergie de ses volcans, la Norvège, sa géothermie et son hydroélectricité, le Texas et le Bhoutan, leurs surplus énergétiques. Ces stratégies permettent d’éviter le gaspillage, et de stabiliser les réseaux électriques tout en générant des revenus.
Le Québec dispose d’une énergie propre, abondante et renouvelable. Des technologies de récupération de chaleur pourraient même chauffer des bâtiments comme des églises et certains types de serres agricoles. Une approche visionnaire qui marierait innovation financière et transition énergétique.
Pendant que d’autres s’adaptent, le Québec avance lentement. Trop lentement. L’inaction politique empêche la province de se positionner stratégiquement.
Comme un chevreuil sur l’autoroute, le Québec doit choisir : rester figé et subir cette révolution économique, ou bondir et prendre en main son avenir. L’heure n’est plus à l’hésitation, mais à l’action.
Le Québec doit maintenant comprendre ce qui se passe. Et agir rapidement.