Alors que le bitcoin flirte avec ses sommets historiques, les projecteurs étaient braqués sur Las Vegas du 27 au 29 mai, où s’est tenue la 6e édition de la Bitcoin Conference. Dans un contexte de régulation accrue du secteur, l’événement a pris une dimension résolument politique. Les promesses de Donald Trump, seront bientôt mises à l’épreuve.
Avec plus de 35 000 participants, 400 intervenants et 5 000 entreprises représentées, cette édition s’est imposée comme la plus importante jamais organisée. Historiquement centrée sur les idéaux de la décentralisation, la conférence est aujourd’hui un rendez-vous stratégique, mêlant intérêts économiques et ambitions politiques.
Le show de Washington
L’an dernier, Donald Trump promettait de faire des États-Unis la “superpuissance mondiale du bitcoin”. Cette année, c’est sa délégation qui a occupé le devant de la scène : son vice-président, ses fils, des sénateurs et David Sacks, désormais “tsar des cryptos” à la Maison Blanche.
J.D Vance a dit que les États-Unis devraient utiliser le bitcoin comme un avantage dans la rivalité avec la Chine : “Si la République communiste de Chine se détourne du bitcoin, alors peut-être que les États-Unis devraient s’y intéresser”.
Le vice-président a également mis en avant le rôle stratégique des stablecoins, ces crypto monnaies adossées au dollar dont la valeur reste stable. “Cela ne fera qu’aider le dollar américain”, a-t-il affirmé.
Les deux principaux acteurs du secteur, Tether (USDT) et Circle (USDC), pèsent aujourd’hui 214 milliards de dollars de capitalisation. En plaçant leurs réserves dans des bons du Trésor américain, ces stable coins génèrent des revenus tout en agissant comme acheteurs quasi permanents de la dette publique. Tether est même devenu le plus grand détenteur mondial de bons du Trésor américain à trois mois.
Les discours ont souvent pris des accents électoralistes, avec des phrases calibrées pour séduire la communauté crypto. J.D Vance : “Peut-être que la chose la plus importante que nous ayons faite pour cette communauté, c’est que nous rejetons les régulateurs, nous avons congédié Gary Gensler et nous allons licencier tout le monde comme lui.”
La sénatrice Cynthia Lummis, figure pro-crypto du Congrès, a annoncé de son côté que le projet de réserve stratégique en bitcoin serait prochainement présenté au Sénat.
Quant aux fils Trump, leur intervention n’a pas vraiment comporté d’annonces concrètes, mais la promesse répétée que le bitcoin vaudra bientôt une fortune.
David Sacks, de son côté, a appelé les secrétaires au Trésor et au Commerce à explorer des mécanismes d’acquisition de bitcoin pour l’État, sans impact budgétaire.
Une inflexion politique saluée
Alors que l’administration Biden était perçue comme anti-crypto, la tonalité de cette édition, plus bipartisane, a été bien accueillie par les investisseurs. La présence politique n’avait encore jamais été aussi visible.
Hors du prisme américain : nouvelles annonces internationales
- Le Pakistan a annoncé la création de sa première réserve nationale de bitcoin, suivant les pas du Salvador il y a quelques éditions de cela.
- Nigel Farage, figure de l’extrême droite britannique, veut ramener l’impôt sur les plus-values crypto à 10% et propose que la Banque d’Angleterre détienne du bitcoin.
Adoption record, usage massif
L’événement a battu un record : plus de 8 000 transactions en bitcoin en quelques heures. Le Venetian Hotel, l’un des plus grands hôtels-casino de Las Vegas, a été entièrement privatisé, avec toutes les dépenses réglées en BTC.
L’adoption institutionnelle est restée au cœur des échanges. Les ETF adossés au bitcoin ont occupé une place centrale, tout comme Michael Saylor, PDG de Strategy qui conseille de troquer monnaies fiduciaires, obligations et actifs tangibles contre du bitcoin. Sa société détient désormais 580 955 bitcoins, soit 2,76% de l’offre maximale fixée à 21 millions d’unités.
Autre annonce notable : GameStop a investi 513 millions d’euros en bitcoin pour sa trésorerie, marquant son entrée officielle dans les actifs numériques.
Dans la dernière édition de Crypt on it, vous pourrez retrouver d’autres annonces intéressantes pour le secteur comme la levée de fonds de Trump Media & Technology Group.
Un symbole fort : le retour de Ross Ulbricht
Gracié récemment par Donald Trump, Ross Ulbricht, fondateur de Silk Road, a fait sa première apparition publique depuis sa sortie. Ovationné, il a plaidé pour l’unité de la communauté : “Ceux qui s’opposent à la décentralisation profitent de nos divisions. Restons unis.”
une tribune politique de plus en plus incontournable
En deux ans, la Bitcoin Conference est devenue une tribune électorale à part entière, visant les 50 millions d’Américains détenteurs de crypto. Alors que 47% des électeurs disent inclure ou vouloir inclure des crypto actifs dans leur portefeuille, et que 1 sur 7 place la politique crypto parmi ses principaux critères de vote, les candidats n’ont d’autre choix que de s’y intéresser.
Si les effets concrets restent encore limités, la marche vers l’institutionnalisation du bitcoin, elle, semble bel et bien engagée.