Le marché automobile français traverse une période de fortes turbulences. Au premier semestre 2025, les chiffres d’immatriculations révèlent une chute historique, avec seulement 842 207 véhicules immatriculés, soit une baisse de 7,9 % par rapport à 2024, et une dégringolade de 27,8 % par rapport à 2019, selon une étude publiée par cartegrise.com.
La demande de voitures neuves s’effondre, impactée par une combinaison de facteurs : inflation des prix, pouvoir d’achat en recul, durcissement de la fiscalité locale, malus écologique renforcé, et une incertitude croissante concernant l’avenir des motorisations. La crise touche aussi bien le neuf que l’occasion, et la filière doit faire face à une transition énergétique encore floue, qui freine l’investissement et l’innovation. En parallèle, la raréfaction des marges et la pression réglementaire accentuent l’attentisme des constructeurs et des fournisseurs.
Diversification complexe…
Avec la présence de fleurons de dimension internationale comme Stellantis, et tout un réseau de sous-traitants, la Bourgogne-Franche-Comté emploie près de 38 500 personnes dans le secteur automobile. Dans la région, la situation est tout aussi préoccupante qu’au niveau national. Les immatriculations de voitures neuves ont reculé de 8,9 %, totalisant 27 848 unités au premier semestre, ce qui représente une chute de 34,6 % par rapport à 2019. En plus, ce bastion industriel doit relever le défi de la décarbonation et de la diversification technologique pour assurer sa pérennité.
Depuis 20 ans, le Pôle Véhicule du Futur – financé à 50% par le public (État, Région, collectivités) et 50% par ses 500 adhérents – joue un rôle central dans l’accompagnement de la filière automobile en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est. Lors de la célébration de ses deux décennies, ses responsables ont insisté sur l’évolution de la filière et sur leur mission d’appui à l’innovation, à la transition énergétique, et à la diversification des activités industrielles.
Selon Thierry Tournier, président du pôle de compétitivité, « notre objectif est d’accompagner les entreprises dans leur transformation, en leur proposant des solutions concrètes face aux défis de l’électrification, de l’hydrogène, et des nouvelles mobilités. » Le pôle de compétitivité labellisé par l’État – qui compte une vingtaine de salariés – veut agir comme un catalyseur de projets, en fédérant un écosystème régional, national, voire européen.
Par exemple, ce dernier a permis à des PME de se diversifier dans la fabrication de composants pour batteries ou dans la production de systèmes hydrogène, illustrant la réussite de la transition technologique. L’entreprise LISI Automotive, qui emploie plus de 10 000 personnes dans le monde et a réalisé 1,63 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023, a notamment investi dans son usine de Delle, située à quinze kilomètres de Sochaux, pour adapter son outil de production au véhicule électrique.
…ou internationalisation
Outre la diversification des activités vers d’autres marchés que ce soit l’électrique ou d’autres secteurs tels que l’agriculture, le médical, l’armement, les constructeurs de véhicules thermiques peuvent également se tourner vers l’international. Les actions concrètes du Pôle Véhicule du Futur comprennent le développement de réseaux européens, la mise en place de missions à l’international (Chine, Japon, Finlande, Canada). « Si la réglementation européenne limite ou interdit certains moteurs thermiques ou véhicules à combustion, les fabricants peuvent orienter leur production vers des marchés hors de l’Europe où ces directives ne s’appliquent pas, afin de continuer à vendre leurs véhicules thermiques non soumis à ces contraintes », souligne Bruno Grandjean, directeur général du Pôle Véhicule du Futur.