La place financière de Paris, dont l’attractivité a été renforcée par le Brexit, reste fragile et pâtirait d’un éventuel relèvement de la fiscalité des entreprises, prévient le président de Paris Europlace, Augustin de Romanet, dans La Tribune dimanche. L’association Paris Europlace est le lobby de la place financière française. Elle réunit mardi son événement annuel, le Paris Finance Forum (PFF), sur le thème «2025, la finance en mutation».
Depuis le Brexit, la place financière de Paris «a changé de dimension» et gagné du terrain face à sa rivale, la City de Londres. Mais «elle devrait être perçue comme l’est» cette dernière, soit «un trésor national à défendre et à préserver, car c’est l’une des conditions nécessaires à la réindustrialisation du pays», estime Augustin de Romanet, qui veut faire «passer un message d’alerte». «L’élan de ces dernières années est aujourd’hui fragilisé. Nous faisons face à trois types de menaces. Des mutations structurelles qui affectent l’ensemble du secteur financier mondial, avec le retour du risque géopolitique, la révolution technologique avec l’IA et les cryptos, le bouleversement des modèles économiques avec l’arrivée des néobanques», détaille-t-il.
Contre un relèvement de la fiscalité des entreprises
Évoquant également les «fragilités spécifiques à la place de Paris», notamment «une faiblesse pour les petites et moyennes valeurs cotées, ce qui freine les introductions en Bourse et l’accès des PME aux marchés», Augustin de Romanet met aussi en avant «la nouvelle donne politique (qui) pourrait faire fuir les investisseurs». «Les débats parlementaires de l’automne dernier, portant notamment sur un éventuel relèvement de la fiscalité des entreprises dans le projet de loi de finances pour 2025, ont suffi à provoquer des reports de décisions d’implantation. Les décisions d’investissement sont très sensibles aux débats politiques», affirme-t-il.
«Il a fallu dix ans pour construire un écosystème compétitif. Dix jours pourraient suffire à l’ébranler au détour de la discussion du budget. Prendre [la finance française] pour bouc émissaire dans un débat fiscal ou politique serait irresponsable», met en garde Augustin de Romanet. Il se dit en faveur d’«une nouvelle loi sur l’attractivité financière de la place financière de Paris», qui «donnerait un signal politique fort, dès lors que l’on garantit par ailleurs la stabilité fiscale et réglementaire en loi de finances, qui reste la clé de la crédibilité internationale de Paris».