Aujourd’hui directrice exécutive des marchés des capitaux chez CIBC, cette jeune trentenaire aspire à devenir un modèle pour les femmes qui souhaitent se lancer dans le secteur de la finance.
Fille d’un père immigrant qui ne parlait ni français ni anglais et d’une mère québécoise, Alexandra Velosa a grandi dans un milieu modeste. À l’école, sa passion pour les mathématiques pousse ses professeurs à lui suggérer d’envisager une carrière en finance. «Quand on vient d’un environnement plus difficile, bénéficier du soutien de mes professeurs a changé ma vie», confie-t-elle, en entrevue avec Le Soleil Affaires.
Ambitieuse, Mme Velosa a poursuivi son rêve d’une carrière dans le monde des affaires en intégrant HEC Montréal. Lors de ses cours de finance, elle remarque la faible présence féminine dans ce domaine.
«C’est tellement intéressant d’essayer de prévoir l’avenir et d’assembler les pièces d’un casse-tête. Le peu de femmes dans ce secteur m’a motivée: je voulais apporter un souffle de changement», lance-t-elle.
En parallèle, elle travaille à la Banque Nationale comme caissière, puis gravit les échelons pour devenir conseillère financière. «J’ai adoré cette expérience. Aider mes clients à réaliser leurs objectifs financiers, comme acheter une maison, c’était vraiment gratifiant», se remémore-t-elle.
Après ses études à HEC, Alexandra Velosa décide de préparer les prestigieux examens pour le titre d’analyste financière agréée (CFA), une certification incontournable dans le secteur de la finance. «Pendant que je préparais le CFA, j’ai réalisé que je voulais travailler dans une salle des marchés», précise-t-elle.
Gravir les échelons jusqu’au sommet
Les postes en salle des marchés sont très convoités, nécessitant des dossiers universitaires et professionnels exemplaires. Avant même que Mme Velosa obtienne son titre CFA, la CIBC la recrute, pour ses talents en vente.
«La CIBC a vu en moi un potentiel, même si je n’avais pas un parcours classique pour ce poste», explique-t-elle.
En moins de sept ans, elle passe d’associée à directrice, puis à directrice exécutive, à seulement 31 ans. «Je suis devenue experte dans les titres à revenu fixe», dit-elle fièrement. Aujourd’hui, elle conseille de grandes institutions québécoises comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, Hydro-Québec ou encore Beneva.

Si elle ne dirige pas encore sa propre équipe, Alexandra Velosa encadre de jeunes employés pour les aider à progresser. «La plupart des professionnels en salle des marchés commencent par un stage pendant leurs études. Ceux qui se démarquent deviennent analystes, puis associés, avant de gravir les échelons jusqu’à des postes de direction», explique-t-elle.
Inspirer les générations futures
Mme Velosa nourrit de grandes ambitions : diriger une équipe en tant que directrice générale et, à plus long terme, occuper un poste de chef des marchés mondiaux chez CIBC. Elle aspire également à fonder une famille. «Comme d’autres femmes qui ont atteint les sommets, je suis convaincue qu’il est possible de concilier vie personnelle et carrière. Une fonction élevée au sein d’une banque est tout à fait compatible avec une vie de famille», affirme-t-elle.
Son engagement envers l’égalité des chances marque également son parcours. À travers sa participation à VersaFi Québec, un organisme qui promeut l’équité dans le secteur de la finance, Alexandra Velosa aide à ouvrir les portes du secteur aux jeunes filles. L’initiative Job Shadow Day permet notamment à des étudiantes de découvrir les possibilités dans ce domaine.
«Beaucoup de jeunes filles ignorent qu’il existe des milliers de carrières en finance. Depuis le lancement du programme, près de 2000 étudiantes ont passé une journée dans une salle des marchés.»
Briser le plafond de verre
Pour Alexandra Velosa, partager ses réussites est essentiel pour inspirer d’autres femmes. «Les femmes doivent se positionner comme des leaders, devenir des références pour leurs collègues et leurs clients. Être experte dans son domaine renforce la crédibilité non seulement pour soi-même, mais aussi pour toute l’équipe», insiste-t-elle.
Elle compare son travail à un sport de haut calibre. «La compétition est forte, les heures de travail sont longues, mais à l’arrivée on perd et on gagne ensemble. Et les requins comme les tricheurs finissent par être éliminés.»
Ce texte fait partie du magazine Le Soleil Affaires, aussi disponible en version électronique intégrale.