Une information judiciaire a été ouverte, ce jeudi 27 février 2025, pour faire la lumière sur l’escroquerie au bitcoin d’un montant de 12 millions d’euros qui est reprochée à deux Franco-Israéliens, installés entre Bagnolet (Seine-Saint-Denis), Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et Israël.
Pour rappel, les faits avaient en fait été portés à la connaissance des enquêteurs de la Section de recherches (SR) de Rennes, en décembre 2023 : un conseiller financier de Saint-Grégoire (35) avait porté plainte pour escroquerie après avoir voulu « diversifier ses placements », quatre mois plus tôt, en investissant dans des bitcoins, via un site internet. Il s’était donc rapproché d’une connaissance, un riche entrepreneur du pays de Fougères (35), qui avait décidé d’investir avec lui sur ce même site.
D’autres opérations financières seront, par la suite, proposées au second et à son propre fils, à l’occasion de « l’introduction en Bourse des sociétés Ferrari et Birkenstock ». Père et fils accusent aujourd’hui un préjudice total de « 5,5 millions d’euros ».
Une forme de banque en ligne
Les enquêteurs rennais étaient remontés jusqu’à Jean-Philippe (*) un homme originaire de Boulogne-Billancourt, installé en Israël avec sa famille depuis dix ans, qui avait alors été interpellé à la faveur d’un séjour au ski en France, en janvier 2025.
Ce quadragénaire avait en fait créé un site internet – une forme de banque en ligne – qui convertissait l’argent en bitcoin. Reste que 18 clients au moins n’ont jamais revu la couleur de leur argent après avoir investi dans la cryptomonnaie. Dans cette affaire, des investisseurs de Carnac (56), Saumur (Maine-et-Loire), Ozeville (Manche), Saint-Pierre-en-Faucigny et Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), Marans (Charente-Maritime) ou encore Azé (Loir-et-Cher) se sont constitués parties civiles.
Les enquêteurs accusés d’antisémitisme
Les gendarmes rennais pensent, en fait, que cette société a été créée dans le but de blanchir de grandes quantités d’argent provenant d’escroqueries aux fonds d’investissement mais Jean-Philippe réfute cette analyse. Le préjudice est pourtant colossal : il avoisine aujourd’hui les 12 M € d’euros, sur les 18 M€ crédités sur le compte de la société provenant de 235 comptes bancaires différents.
Le parquet de Rennes avait donc décidé d’une orientation en comparution à délai différé pour cet homme soupçonné de blanchiment du produit de l’escroquerie. L’autre mis en cause, Patrick (*), Franco-Israélien et installé à Bagnolet, avait été renvoyé à ses côtés pour les mêmes motifs, puisqu’il est devenu l’actionnaire unique de l’entreprise, fin 2023.
Reste que ce jeudi 27 février 2025, la présidente du tribunal correctionnel de Rennes a refusé de juger cette affaire, renvoyant le parquet à mieux se pourvoir, au regard de la complexité du dossier qui pourrait nécessiter des investigations internationales. Au terme de trois heures de débats procéduraux, une juge d’instruction avait finalement été saisie.
Dans la soirée, Jean-Philippe – seul présent à l’audience puisque son co-prévenu est « reparti en Israël pour prendre soin de sa maman » – a donc été mis en examen et présenté devant une juge des libertés et de la détention (JLD). Pour cet homme, le dossier est axé sur sa nationalité : en creux, il accuse les enquêteurs rennais d’antisémitisme.
Vers 1 h du matin, ce vendredi 28 février 2025, la magistrate a décidé de le maintenir en détention pour éviter toute concertation et au regard du risque de fuite.